Jamais content

28 août 2004

First among equals

Mark Thatcher est vraiment un bon fils : il a, cet été, montré qu'il est le digne successeur de sa mère... Si on ne peut plus jouer les colons blancs pendant les vacances, où va-t-on ?


|| Rom # 12:24

07 août 2004

Intermède Blogomix - La Règle du je tracks by tracks (suite et fin)

The Third Eye Foundation : Stone Cold Said No
Dans la famille Loveless, je voudrais le fiston : Matt Elliott a gardé les notes plaintives du quatuor qui répondait à Alan McGee par chansons interposées ("Hey guys, quand est-ce que vous vous mettez à bosser sur le prochain album ?" "To here knows when... When you sleep... Sometimes... Soon...") et mélangé le tout à du breakbeat. Rarement un mélange a priori contre nature aura distillé autant de mélodies inoubliables. Auteur d'une bonne floppée d'albums et de maxis (à lire/voir/écouter ici), il fait partie des participants au projet OuMuPo où un musicien / groupe d'electronica s'associe avec un dessinateur de BD (pour beaucoup de l'Association mais pas seulement).

Source Direct : Black Domina
Duo de drum'n'bass chirurgicale que Photek prit sous son aile lorsque Virgin lui confia la tâche de monter un sous-label (Science, qui ne doit compter guère plus de dix références, pressages promo compris) pour accueillir cette musique alors très en vogue au milieu des années 90. Je me rappelle avoir vu une interview de Source Direct où ils passaient leur temps à décrypter la pochette d'une vieux vinyle de Lonnie Liston Smith puis à en sampler quelques secondes, construisant, sous mes yeux ébahis, un de leurs morceaux quasiment en direct. Le lendemain, je me mis en quête de leur premier maxi. Après maints atermoiements, ils sortirent enfin leur premier (et dernier) album, Exorcise the Demons. Je me ruai dessus. Aujourd'hui encore, j'ai du mal à l'écouter d'une seule traite.

Lalo Schiffrin : Scorpio's Theme
Pour poursuivre dans le registre glauque, un extrait de la B.O. composée par le maître du genre pour Dirty Harry. Un petit film en soi, à écouter dans le noir, pour se faire peur.

Gavin Bryars : Tramp with Orchestra IV (Full strings)
Extrait de Jesus's Blood Never Failed Me Yet. Par bonheur, c'est sa version longue qu'on trouve en CD (Tom Waits se joint au chant du clochard dans les deux dernières parties). Entendu pour la première fois à la médiathèque de la rue de Rennes, je me suis refusé à l'emprunter par peur d'en priver l'employé qui l'avait mis en écoute à fort volume. Une fois rentré chez moi, le clochard n'arrêtait pas de chanter que le sang de Jésus ne lui avait jamais fait défaut. Entre temps, un autre adhérent, moins prévenant, l'empruntait pour six semaines (c'était la période des vacances). Je n'ai pas envie de dénaturer l'histoire de cette oeuvre, je laisse donc à son compositeur le soin d'en expliquer la génèse :
In 1971, when I lived in London, I was working with a friend, Alan Power, on a film about people living rough in the area around Elephant and Castle and Waterloo Station. In the course of being filmed, some people broke into drunken song - sometimes bits of opera, sometimes sentimental ballads - and one, who in fact did not drink, sang a religious song "Jesus' Blood Never Failed Me Yet". This was not ultimately used in the film and I was given all the unused sections of tape, including this one.
When I played it at home, I found that his singing was in tune with my piano, and I improvised a simple accompaniment. I noticed, too, that the first section of the song - 13 bars in length - formed an effective loop which repeated in a slightly unpredictable way. I took the tape loop to Leicester, where I was working in the Fine Art Department, and copied the loop onto a continuous reel of tape, thinking about perhaps adding an orchestrated accompaniment to this. The door of the recording room opened on to one of the large painting studios and I left the tape copying, with the door open, while I went to have a cup of coffee. When I came back I found the normally lively room unnaturally subdued. People were moving about much more slowly than usual and a few were sitting alone, quietly weeping.
I was puzzled until I realised that the tape was still playing and that they had been overcome by the old man's singing. This convinced me of the emotional power of the music and of the possibilities offered by adding a simple, though gradually evolving, orchestral accompaniment that respected the tramp's nobility and simple faith. Although he died before he could hear what I had done with his singing, the piece remains as an eloquent, but understated testimony to his spirit and optimism.
The piece was originally recorded on
Brian Eno's Obscure label in 1975 and a substantially revised and extended version for Point Records in 1993. The version which is played by my ensemble was specially created in 1993 to coincided with this last recording.
Gavin Bryars.


Si vous n'avez pas ce disque, votre discothèque est bancale.


|| Rom # 17:53

04 août 2004

Sceaux quickly
Jamais content en immo (8)

Mon père remplit les papiers avec une application que je lui ai rarement vue - la ressemblance avec un élève appliqué serait totale s'il se mettait à tirer la langue. Ma mère est contente d'apposer sa signature là, et encore là, non pas là, c'est pour le cabinet de gérance... J'ai beau me pincer, c'est bien un samedi après midi pas comme les autres : dans une autre vie, j'aurais dû parlementer des heures avec lui pour qu'il accepte de signer une feuille qui stipule que si nous ne pouvions pas payer le loyer, ce serait à lui, le sousigné qui a bien lu et approuvé le paragraphe précédent, de mettre la main au porte-monnaie pour s'acquitter de la somme de... Il est vrai que quand il a sifflé à la vue du montant dudit loyer, je me suis contenté de lui dire que s'il nous trouvait la même chose pour moins cher, on était preneur. On a déjà vu plus chaleureux.

Lorsque tout est fini, je m'attends à ce qu'ils me parlent de tout et rien, comme d'habitude, mais à part une énième proposition de ma mère de nous refourguer sa table de cuisine en formica imitation bois, il y a juste un silence gêné, comme s'ils avaient peur que je leur sorte d'autres papiers à parapher du genre "si mon fils commet un délit, je m'engage à effectuer la peine de prison à sa place". Si je repense à l'enménagement dans l'appartement que je vais bientôt quitter après presque six ans, le contraste est saisissant. Là, j'ai juste l'impression (que j'espère non fondée) qu'ils ont hâte que je reparte vers Paris. Pourtant, pour des tas de raisons (et pas seulement parce que la température extérieure dépasse les 30°), j'ai envie de rester un peu avec eux. Contrairement aux autres fois, mon père ne propose pas de me ramener en voiture. De toute façon, je refuserais.


|| Rom # 17:00

02 août 2004

[Intermède]

OMC : Coup de force des pays riches

En novembre 2001, sous la pression des pays riches et au nom de « la lutte contre le terrorisme », les Etats membres de l’OMC adoptaient un programme de négociations qui devaient se terminer fin 2004 et qui fut baptisé « Agenda de Doha pour le développement. »

En dépit de son intitulé, aucune décision effectivement favorable aux pays en développement n’est sortie à ce jour de ces négociations. Les pays riches entendent imposer leurs propositions. Ils sont donc restés sourds à des alternatives plus équilibrées avancées par les pays en développement. Exaspérés par l’intransigeance et l’arrogance des Occidentaux , les PVD ont bloqué les négociations à l’occasion de la 5ème conférence ministérielle, à Cancun en septembre dernier. Depuis lors, de multiples tentatives de relance ont été tentées par les gouvernements des pays riches sous la pression constante des groupes de pression du monde des affaires et de la finance.

Ces efforts se caractérisent à la fois par des méthodes de prise de décision qui sont une insulte aux principes démocratiques et qui ne relèvent que des rapports de force, par des modifications des concepts et du vocabulaire qui changent la formulation des propositions, mais laissent la substance intacte, par des pressions directes sous forme de retrait d’aides comme l’Union européenne vient d’en infliger au Kenya, un des porte-parole les plus éloquents des pays africains. Le texte final, adopté ce 31 juillet, est issu d’une réunion restreinte d’une trentaine de pays à laquelle seuls les gouvernements les moins opposés aux propositions occidentales ont eu le droit de participer, les autres étant réduits à accepter ou à rejeter le résultat, forcés ainsi d’endosser la responsabilité de l’échec.

Le texte adopté, s’il précise quelque peu les termes du programme de Doha dans certains dossiers auxquels les pays en développement sont sensibles, reporte surtout son échéance à décembre 2005.

Les précisions apportées dans le dossier agricole ne sont pas assorties d’un calendrier qui les rendraient crédibles, les modalités arrêtées pour des négociations en matière d’investissement limitées à la facilitation des échanges n’écartent pas de l’OMC de possibles négociations sur les autres questions liées à l’investissement, les propositions sur le coton ne sont pas juridiquement contraignantes, les dispositions relatives à l’accès au marché des produits industriels menacent la survie des industries dans le Sud. En outre, ces dispositions ont offert l’occasion aux pays riches d’inclure de nouvelles avancées dans le processus de mondialisation néolibérale destructrice de la souveraineté des peuples.

Dans le domaine de l’Accord général sur le commerce des services (AGCS) des dispositions extrêmement importantes ont été adoptées qui vont accélérer le démantèlement des services publics et la marchandisation globale des activités de service :
- les 105 pays qui n’ont pas présenté de listes de services qu’ils sont disposés à privatiser devront le faire pour mai 2005 ;
- une évaluation de l’ampleur des privatisations ainsi « offertes » par chaque pays sera effectuée par l’OMC à cette échéance ;
- il sera vérifié si ces « offres » débouchent sur une véritable ouverture des marchés et une privatisation substantielle ;
- il sera vérifié si un « haut niveau de libéralisation » est atteint, « aucun secteur, ni aucun mode de fourniture de service n’étant exclu a priori » ;
- les négociations sur les législations et réglementations nationales considérées comme des « obstacles non nécessaires au commerce » ainsi que sur les subventions considérées comme « entraînant des distorsions à la concurrence commerciale » devront être finalisées.

Une fois de plus, les négociations commerciales internationales telles qu’elles sont conduites dans l’enceinte de l’OMC illustrent la permanence d’une volonté des Occidentaux de dicter leur loi au monde. Tout le reste relève d’une rhétorique qui trompe de moins en moins les peuples.

Raoul Marc JENNAR
0XFAM/URFIG


|| Rom # 14:08