Jamais content

29 novembre 2004

Constitution européenne : Réponses aux éléphants qui se trompent énormément, par Raoul Marc Jennar

Les partisans du « oui » au traité constitutionnel européen, singulièrement lorsqu’ils émanent de la social-démocratie et des Verts, ne répugnent pas à des manipulations du texte en lui faisant dire ce qu’il ne dit pas et en taisant ce qu’il dit.

L’argumentaire du PS en faveur du oui, intitulé « Le vrai/le faux sur le Traité constitutionnel », fournit un catalogue de citations tronquées, d’omissions, et de contrevérités. Il va devenir un modèle pour travaux universitaires sur le mensonge en politique.

Le livre de Strauss-Kahn, cette figure emblématique du libéralisme de gauche, invite à voter « oui » non pas à cause du texte, mais à cause de ce qu’on pourrait y ajouter le jour où on le changera. Voir en particulier les pages sur la démocratie où il n’hésite pas à affirmer que « la Commission va devenir le gouvernement démocratique de l’Union » - pages 41 à 47. Quand on sait que les électeurs n’ont aucune possibilité de sanctionner la Commission par leur vote, quand on sait que le Parlement européen, ni aujourd’hui, ni dans le cadre de la Constitution, ne peut imprimer de choix politiques à la Commission, on mesure l’inexactitude d’une telle affirmation.

Quant à l’appui de Jospin à ce traité constitutionnel, personne ne peut oublier qu’il fut, face au patronat qui fait des bénéfices et qui licencie, l’incarnation de l’Etat qui ne peut rien, qu’il fut, en France, le recordman absolu, toutes catégories, des privatisations et qu’il fut, à l’Europe, le soutien inconditionnel des politiques néolibérales proposées à l’OMC par Pascal Lamy. Le premier responsable du 21 avril ne peut faire autre chose que soutenir une Constitution qui lui ressemble.

Enfin, le chantage à la peur auquel se livrent ces sociaux-démocrates et ces écologistes est indigne de gens qui se disent de gauche. Une des valeurs de la gauche a toujours été de faire appel à la raison et à l’intelligence et non aux sentiments et aux passions. C’est la droite qui a toujours eu recours à l’argument « dites oui ou bien c’est le chaos. » En faisant appel à la peur, ceux qui usent de ce procédé signent ce qu’ils sont devenus.

Mon propos, en relevant quelques-uns - pas tous, loin s’en faut - des propos les plus mensongers est de m’appuyer sur le texte, rien que le texte, mais tout le texte, pour corriger ces erreurs volontaires de ceux qui sont contraints de mentir, espérant éviter que leur « oui » s’identifie au « oui » de Chirac, de Balladur, de Raffarin, de Sarkozy, de Madelin et du MEDEF et de la Table ronde des industriels européens. On ne peut pas dire « non » à Raffarin en France et « oui » à la droite la plus agressivement néolibérale lorsqu’il s’agit de l’avenir de l’Europe.


« La Constitution sauvera les services publics en leur donnant, pour la première fois, une base légale »
(Argumentaire PS oui, Aubry, Hollande, Jospin, Strauss-Kahn,….)

Ce n’est pas la première fois qu’un traité européen introduit, non pas la notion de service public, mais bien le concept de « service d’intérêt économique général.» Celui-ci est apparu dans le traité d’Amsterdam. On le retrouve à l’ Article II-96 de la Constitution : « L’Union reconnaît et respecte l’accès aux services d’intérêt économique général tel qu’il est prévu par les législations et pratiques nationales, conformément à la Constitution, afin de promouvoir la cohésion sociale et territoriale de l’Union

La Constitution ne fournit aucune définition du « service d’intérêt économique général.» Par contre les documents de la Commission européenne (Notes de 2000, Livre Vert de 2003, Livre Blanc de 2004) sont éloquents : les pouvoirs publics ne peuvent créer des services d’intérêt économique général (SIEG) que si deux conditions sont remplies :

a) que le marché (l’initiative privée) ne fournisse pas le service ;

b) que ce SIEG respecte les règles de la concurrence.

Les partisans socialistes et Verts du « oui » n’hésitent à dire tantôt que le passage des mots « service public » aux mots « service d’intérêt économique général » n’est qu’un « glissement sémantique » (les Verts) et que SIEG «signifie service public dans le langage européen » (argumentaire PS-oui). Rien n’est plus faux, comme on vient de le voir. D’ailleurs, l’annexe 1 du Livre Blanc apporte sur ce point une clarification intéressante : « les termes « service d’intérêt général » et « service d’intérêt économique général » ne doivent pas être confondus avec l’expression « service public » (p.23).

En outre, la Constitution précise en son Article III-166, 2 : « Les entreprises chargées de la gestion de services d’intérêt économique général ou présentant le caractère d’un monopole fiscal sont soumises aux dispositions de la Constitution, notamment aux règles de concurrence. »

Enfin, le traité constitutionnel proclame que la liberté d’établissement et la liberté de circulation des services sont des « valeurs fondamentales » de l’Union européenne (article I-4). La proposition de directive déposée par le Commissaire européen Bolkestein sur « les services dans le marché intérieur » fournit la démonstration, confirmée par des experts de tous bords, que l’application intégrale de cette « valeur fondamentale » conduit à la disparition des services publics, de nos systèmes de sécurité sociale et du modèle européen de solidarité.

Avec cette Constitution, c’est la fin de la capacité des pouvoirs publics locaux, régionaux et nationaux de procurer des activités de service auxquelles tous ont accès et dont les coûts sont mutualisés. Et l’impossibilité de créer des services publics européens. L’Accord général sur le commerce des services (AGCS) de l’OMC pourra s’appliquer totalement sans que les Etats ne puissent s’y opposer vu l’existence de cette Constitution.


« La 2e partie du traité, la Charte des droits fondamentaux, correspond au Préambule de la Constitution française et à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » (Strauss-Kahn, p. 33)

Dans le Préambule de la Constitution française (comme dans la Constitution belge, celle d’Allemagne, du Danemark, de l’Espagne, de Finlande, de l’Italie, de l’Irlande, du Luxembourg, des Pays-Bas, du Portugal, de Suède), le droit au travail, le droit à un revenu minimum, le droit à un salaire minimum, le droit à une allocation de chômage, le droit à une pension de retraite, le droit à la couverture des soins de santé, à un logement décent sont garantis.

Dans la Constitution européenne, ces droits ne figurent pas. S’agissant de la santé et de la sécurité sociale, le texte « reconnaît et respecte » ce qui se fait dans les Etats. Sans plus. Ce qui n’engage à rien de la part de l’Union européenne. Le droit au travail devient le droit à en chercher. Ce qui est très différent.

L’Union européenne n’adhère pas à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (1948) qui reconnaît ces droits sociaux collectifs. Par contre, elle adhère à la Convention européenne des Droits de l’Homme qui ne les reconnaît pas.

Il ne faut pas se laisser abuser par quelques paragraphes bien ronflants (comme l’article I-3). Cette Constitution contient ici et là des formules « tape à l’œil » qui n’engagent à rien juridiquement et qui sont vidées de tout sens par des dispositions contraignantes répétées systématiquement, comme par exemple, l’obligation de respecter « la concurrence qui doit être libre et non faussée. »

Strauss-Kahn manipule la présentation du texte pour le rendre acceptable.


« Le traité constitutionnel va donner au Parlement européen la capacité de prendre lui-même l’initiative de lois
» (Hollande)

La Constitution réduit à néant ce mensonge : Article I-26, 2 : « Un acte législatif de l’Union ne peut être adopté que sur proposition de la Commission, sauf dans les cas où la Constitution en dispose autrement. »

Le monopole de l’initiative de la Commission est maintenu. Et la technique de la codécision tant vantée par les partisans du « oui » a pour effet que le Parlement européen ne peut modifier les textes soumis par la Commission que si celle-ci marque son accord.

« Le traité ne dit rien sur les orientations politiques que l’Europe doit prendre à l’OMC » (Strauss-Kahn, p. 97)

L’article III-314 qui introduit la politique commerciale commune et donc notre rôle à l’OMC, stipule : « l’Union contribue conformément à l’intérêt commun, au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et aux investissements étrangers directs et à la réduction des barrières douanières et autres. »

On se trouve clairement en présence d’un choix politique. Un choix politique dont même la Banque mondiale remet en cause, aujourd’hui, l’efficacité pour la création d’emplois. Mais supprimer les restrictions aux investisseurs qui ne supportent pas les lois sociales, les lois environnementales, le respect des droits humains fondamentaux, c’est une exigence du MEDEF et des organisations patronales européennes.

La première tentative de supprimer les restrictions aux investissements étrangers directs porte un nom : Accord multilatéral sur l’investissement (A.M.I.). Strauss-Kahn y était d’ailleurs directement associé et soutenait cette démarche (voir ses réponses aux interpellations à l’Assemblée nationale).

Si la Constitution est adoptée, il ne sera plus possible, comme l’a fait Jospin en 1998 sous la pression des associations, des syndicats, du PCF et des Verts, de dire que l’AMI doit être négocié non pas à l’OCDE, mais à l’OMC. Comme, depuis, la négociation a échoué à l’OMC, le patronat exige que l’AMI revienne dans le cadre européen. D’où sa présence dans la Constitution. On mesure ainsi l’incohérence de ceux qui ont combattu l’AMI en 1998 et qui le soutiennent aujourd’hui.


« La victoire du « non » réduira durablement la capacité de l’Europe à peser sur les grandes affaires du monde
» (Aubry, Argumentaire PS-oui, Hollande).

Mais quelle est cette capacité aujourd’hui ? Sans parler des régions du monde qui nous sont éloignées, en quoi intervenons-nous efficacement dans l’interminable conflit israélo-palestinien ? En quoi sommes-nous capables de donner du contenu à ce dialogue euro- méditerranéen dont on parle depuis 30 ans ? En quoi sommes-nous capables de régler le problème de Chypre? Nous n’avons même pas été capables de régler un conflit entre l’Espagne et le Maroc à propos de quelques arpents de terre sur une île inconnue de tous ; c’est le Secrétaire d’Etat US Colin Powell qui s’en est chargé.

Est-ce que notre capacité à peser dans les grandes affaires du monde se résume à se féliciter d’un coup d’Etat inspiré par Washington contre le président démocratiquement élu du Venezuela avant d’apprendre qu’il a échoué ?

On ne peut pas affaiblir ce qui est déjà faible. Et ce n’est pas parce qu’on disposerait d’un ministre européen des Affaires étrangères que celui-ci aurait de l’influence s’il n’est pas soutenu par les 25 gouvernements. Les profondes divergences entre Européens sur le principe de la guerre préventive, qui est la négation même de la Charte des Nations Unies, montrent qu’aussi longtemps qu’il n’y a pas consensus entre les 25, il est impossible de peser sur les affaires du monde. Avec ou sans « ministre des affaires étrangères européen ».


« La victoire du « non » sera une victoire des USA de George W. Bush »
(Lionel Jospin, Claude Allègre et Pierre Mauroy)

C’est exactement le contraire ! Bush espère la ratification de la Constitution puisqu’elle consolide le lien de soumission des Européens aux USA : article I,41,2 : « La politique de l’Union (…) respecte les obligations découlant du traité de l’Atlantique Nord pour certains Etats membres qui considèrent que leur défense commune est réalisée dans le cadre de l’OTAN et elle est compatible avec la politique commune de sécurité et de défense arrêtée dans ce cadre » et article I,41,7 : « Les engagements et la coopération dans ce domaine [en cas d’agression] demeurent conformes aux engagements souscrits au sein de l’OTAN qui reste, pour les Etats qui en sont membres, le fondement de leur défense collective et l’instance de sa mise en œuvre. »

Qui détient la plus haute responsabilité militaire à l’OTAN ? Un officier US. Qui est le chef suprême de cet officier ? Le Président des USA.

Il suffit de lire le Livre Blanc publié par le gouvernement de Tony Blair pour se rendre compte à quel point ce traité constitutionnel consacre la victoire du modèle anglo-saxon et l’avancée vers une zone euro-américaine dans laquelle disparaîtra le modèle européen. D’ailleurs, un partisan du « oui » ne l’a pas caché. Dans Le Monde des 25-26 juillet 2004, Jean-Claude Casanova écrivait : « cette Constitution consacre le triomphe politique de la Grande Bretagne puisqu’elle aboutit à une Europe dans laquelle le Royaume-Uni serait à la fois le pivot politique parce qu’elle en aurait fixé les règles et les limites, et la charnière avec les Etats-Unis dont il est le voisin et parent. Dans l’Euramérique qui se profile, l’Angleterre tient un rôle central.»


« Ce traité est le plus dynamique de tous les traités européens »
(Strauss-Kahn, p.99).

Invoquant ce que, dans le jargon, on appelle les « clauses passerelles » et les « coopérations renforcées », il prétend qu’ainsi la clause de l’unanimité peut être surmontée, ce qui fournirait des opportunités d’avancées significatives.

C’est passer sous silence que « en cas d’opposition d’un parlement national [à l’usage de la clause passerelle] la décision européenne n’est pas adoptée » (article III-444,3) et que « l’autorisation de procéder à une coopération renforcée est accordée par une décision européenne du Conseil, statuant à l’unanimité » (article III-419,2). Dans tous les cas de figure, on retrouve d’une manière ou d’une autre, l’exigence de l’unanimité. Une réalité s’impose : si cette Constitution est ratifiée, il sera impossible de la modifier avant de très nombreuses années. Nos enfants comme nos petits-enfants auront à la subir.


« Un million de citoyens pourront modifier la Constitution »
(Cohn-Bendit, Lipietz, Mamère)

Le droit de pétition (dont on sait à quel point il est peu efficace sur le plan national) ne permet pas de modifier la Constitution ; un million de personnes pourront proposer à la Commission un texte qui applique la Constitution. Et la Commission en fera ce qu’elle voudra comme le précise l’Article I-47, 4 : « Des citoyennes et citoyens de l’Union, au nombre d’un million au moins, ressortissants d’un nombre significatifs d’Etats membres, peuvent prendre l’initiative d’inviter la Commission, dans le cadre de ses attributions, à soumettre une proposition appropriée sur des questions pour lesquelles ces citoyennes et citoyens considèrent qu’un acte juridique de l’Union est nécessaire aux fins de l’application de la Constitution. »


« Notre « oui » est un « oui de combat »
(les partisans PS et Verts du « oui de gauche »)

Ces gens nous disent : le texte n’est pas franchement bon ; à bien des égards, il ne répond pas à nos attentes ; mais il faut l’adopter pour conserver les quatre ou cinq points positifs qu’il contient ; quant au reste, nous allons nous battre, après la ratification, pour l’améliorer ; notre « oui » s’inscrit donc dans la perspective de ce futur combat. Etrange perversion du raisonnement ! Pour trois raisons, au moins :

1) s’il s’agissait d’enregistrer les quelques progrès résultant des négociations, pourquoi ne pas s’être contenté d’un simple traité s’ajoutant aux quatre venus modifier le traité de Rome depuis 1957 ? Pourquoi avoir donné une force constitutionnelle (article I-6) à un texte qui, avant tout, va donner cette force à un projet politique néolibéral ?

2) parce que cela revient à dire : nous ne nous battons pas aujourd’hui contre ce texte, mais rassurez-vous, nous nous battrons demain, une fois qu’il sera devenu la Constitution. Quel crédit peut-on accorder à un tel engagement de la part de ceux qui, aujourd’hui, alors que la plupart des 25 gouvernements de l’Union sont conservateurs, promettent une Europe sociale qu’ils n’ont pas réalisée lorsqu’ils dirigeaient douze des quinze gouvernements de l’Union et la Commission européenne ?

3) ils savent pertinemment qu’ils ne pourront pas modifier ce texte. Parce que, cas unique au monde, la Constitution européenne va exiger l’unanimité pour être modifiée. Il sera plus aisé de modifier la Constitution des Etats-Unis que celle de l’Union !

Mais, disent les partisans de ce texte, l’unanimité est requise depuis 1957 pour modifier les traités ; il n’y a rien de nouveau ! C’est un peu vite oublier que cette unanimité se pratiquait d’abord entre 6 Etats, puis 9, puis 12, puis 15 et que les grosses difficultés surviennent depuis que les négociations ont lieu à 25. C’est oublier aussi que les dix Etats qui viennent de rejoindre l’Union n’ont pas vraiment de tradition démocratique, que ces pays, à l’exception de l’ancienne Tchécoslovaquie, n’ont connu pendant des siècles, que des régimes autoritaires et que la plupart d’entre eux apprennent depuis une dizaine d’années l’art du compromis consubstantiel de la construction européenne.

C’est oublier enfin que, pour les huit pays qui furent jusqu’il y a peu des satellites de Moscou, ce qu’ils vivent aujourd’hui, c’est comme une accession à l’indépendance. Leur demander de renoncer dans l’immédiat à cette souveraineté retrouvée ou découverte pour se placer sous les ordres de Bruxelles, c’est ignorer une réalité qui domine le paysage politique de ces pays. Ecoutons leurs intellectuels, lisons leurs éditoriaux et nous saurons qu’il faudra du temps, beaucoup de temps avant qu’ils acceptent de renoncer davantage à leur souveraineté que ce qu’ils ont déjà dû concéder pour adhérer à l’Union européenne.

La règle de l’unanimité fige la construction européenne dans son état actuel. Elle bloque toute espérance d’approfondissement avant de nombreuses années.

Le « oui » de combat, ce n’est rien d’autre qu’une promesse. Comme celle de Jacques Delors qui, en 1992, promettait : « acceptez le traité de Maastricht et nous ferons l’Europe sociale tout de suite après » Il y a douze ans…

Pour conclure :

On peut tromper les gens un temps ; on ne peut pas les tromper tout le temps. Agissons pour que le jour du référendum, les partisans d’un « oui de gauche » n’aient trompé qu’eux-mêmes et que triomphe un « non de gauche » qui est en fait un « oui » à l’Europe, mais à l’Europe des peuples, pas à celle des marchands et des marchés.

"Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho…" (Jean Jaurès)

Raoul Marc JENNAR

docteur en science politique, chercheur auprès de l’Unité de recherche, de formation et d’information sur la globalisation -URFIG, militant de gauche, signataire de « l’Appel des 200 »


|| Rom # 16:23
Coltraniais

Franchement, on pensait que ce genre de jugement n'existait plus que dans les histoires du jazz les plus arrièrées. Et bien non, Serge Loupien ressort le même argument éculé à l'encontre d'Alice Coltrane : diantre, elle a osé dilapider "à l'effroi de tous les coltraniens convaincus, un héritage musical sans prix." On passera sur l'élégance du paradoxe (dépenser sans compter ce qui n'a pas de prix, je veux bien que l'on m'explique) et sur la question de savoir s'il on est coltranien ou pas (avec lui ou contre lui ?) pour s'attarder sur la fin de cette mise à mort : protéger le père en s'attaquant au fils "que la décence la plus élémentaire voudrait qu'il change soit de patronyme, soit d'instrument."

On relèvera au passage enfin que cette Alice est vraiment machiavélique : ainsi, elle "
a étudié, de manière quasi compulsive, le jeu tout en volumes de McCoy Tyner, jusqu'à piquer la place de celui-ci au sein du quartette emblématique dirigé alors par John Coltrane". En clair, elle a tout copié sur le pianiste afin de mieux prendre sa place par la suite. N'importe qui de sensé aura tôt fait d'écouter les versions successives de My Favorite Things pour se rendre compte que rien n'est plus faux.

Voilà, Serge Loupien est coltranien, qu'on se le dise. La chose est .


|| Rom # 14:01

28 novembre 2004

Prix des Amis du Monde diplomatique

Discours de réception de Raoul Marc Jennar,

auteur de « Europe, la trahison des élites »

Paris, Assemblée nationale, 25 novembre 2004


C’est peu de dire que ce prix me touche et mon émotion fut grande lorsque j’en ai été informé. Comme elle l’est en cet instant.

J’exprime toute ma gratitude aux membres du jury, à l’Association des Amis du Monde diplomatique ainsi qu’à celles et ceux qui font, de cette publication indispensable, le creuset d’une pensée critique qu’on retrouve malheureusement trop peu ailleurs. Du fond du cœur merci. Merci pour le Prix. Merci, pour ce que nous appelons avec affection et complicité, « le diplo ».


Mes premières pensées vont à Pierre Bourdieu. Il avait suggéré ce livre ; il l’avait souhaité. Et je suis honoré et heureux que Jérôme Bourdieu soit présent parmi nous ce matin.

Je tiens à partager ce prix avec mes proches, avec celles et ceux qui, dans ma vie privée, ont eu, hier comme aujourd’hui, à supporter cette manière d’être, qui consiste à ne pas se contenter du travail de recherche, à ne pas se satisfaire d’une démarche militante, mais à vivre sa vie comme un chercheur-militant, à s’engager, à s’impliquer.

Je suis très honoré que mon livre ait été distingué parmi des travaux de qualité et je tiens à saluer ici les autres auteurs qui avaient été sélectionnés.

Je remercie Henri Trubert, des Editions Fayard, qui, d’emblée, a fait confiance à un auteur pourtant davantage connu pour ses écrits sur le Cambodge et sur les opérations de paix de l’ONU que pour ses travaux sur l’Europe.


* * *


Avant toute chose, je tiens préciser que je ne suis ni un eurosceptique, ni un souverainiste, ni un nationaliste. Je réclame le droit d’aimer avec la même intensité le village, la région et le pays où je vis et, en même temps, de considérer l’Europe comme ma patrie. Et, comme le disait Cicéron, « la patrie, c’est là où on se sent bien. »


Chacun en conviendra, on peut aimer sa patrie et en critiquer le système politique, son gouvernement et ses lois. Qui pourrait contester cela ?


De la même manière, avec d’autres, très nombreux, comme citoyen d’Europe et très précisément en cette qualité, je revendique le droit de critiquer les modalités de la construction politique d’une Europe fédérale que j’appelle de mes vœux.


Or, et c’est grande désolation, c’est en vain que nous affirmons ce droit.


Il nous est nié par la pensée unique qui sévit en particulier, dans les media. Le pluralisme des opinions, dès lors qu’il s’agit de l’Europe, n’existe plus en France, tout spécialement, sur les ondes des stations publiques de radio. De France Inter à France Culture, on martèle qu’il n’y a point de salut en dehors du « traité établissant une Constitution pour l’Europe » et on pratique systématiquement l’amalgame entre les nostalgiques de l’Etat-Nation et les Européens critiques, attachés à un modèle de société qui, pourtant, fonde l’Europe.


Ce lundi matin, sur France Culture, on pouvait entendre un des grands prêtres de la pensée unique prédire que la victoire d’un « non » de gauche au référendum signifierait un retour de la France à la « situation anarchique de 1789 » et cet éditorialiste, qui avait bien entendu réduit le débat à une opposition entre pro-européens et anti-européens, de former le vœu que « cela ne dérive pas vers une nouvelle Terreur » ! Voilà jusqu’où s’abaissent les établissements publics de radio dans la France de 2004. Affligeant.

J’aime, à ce propos, reprendre ce que disait Pierre Bourdieu et que j’ai inscrit en exergue du livre : « La résistance à l’Europe des banquiers et à la restauration conservatrice qu’ils nous préparent ne peut-être qu’européenne. » Ma démarche est celle d’un Européen convaincu qui rejette les propositions d’un Jean-Pierre Chevènement ou d’un Philippe de Villiers.


En fait qu’est devenue cette construction européenne, si on se réfère aux objectifs annoncés en 1957, au moment de la signature du Traité de Rome, quand Jean Monet déclarait « Nous ne coalisons pas des Etats, nous unissons des hommes » ?


Si on étudie de près l’évolution depuis 47 ans, on ne peut s’empêcher de constater que ce qui est à l’œuvre, pour l’essentiel, c’est la remise en cause de deux cents ans de conquêtes démocratiques et sociales. Et c’est la faute historique de la social-démocratie européenne, par naïveté ou par complicité, de s’associer à ce projet. Car, il faut bien être naïf pour croire que les privilèges abandonnés au peuple et les concessions faites au mouvement ouvrier sont des acquis intangibles ; pour croire que ceux qui ont dû céder se sont définitivement inclinés et qu’ils n’attendent pas l’occasion de reprendre ce qu’ils ont dû lâcher.


La construction européenne leur offre une formidable opportunité de reprendre par le haut, au nom de l’Europe, tout ce qu’ils avaient été contraints d’accepter au niveau de chaque Etat. Pour y parvenir, ils se servent de l’aspiration des peuples à une Europe politique forte à la fois de son unité et de sa diversité et ils le font en pratiquant un double langage, en faisant croire que ce projet est à l’œuvre alors que dans la réalité, c’est exactement le contraire qui se produit. Comme le disait Pierre Bourdieu lors d’un séminaire préparatoire à ce livre : « L’Europe ne dit pas ce qu’elle fait ; elle ne fait pas ce qu’elle dit. Elle dit ce qu’elle ne fait pas ; elle fait ce qu’elle ne dit pas. Cette Europe qu’on nous construit, c’est une Europe en trompe l’œil. »


C’est ce que j’ai essayé de démontrer dans le livre, en faisant un quadruple constat, à la fois sur le fonctionnement de la démocratie européenne, sur les conséquences sociales de la construction européenne, sur le rôle de l’Union européenne face à la mondialisation néolibérale, en interne comme dans des enceintes multilatérales telles que l’OMC, et sur les dispositions du traité constitutionnel qui est proposé à ratification.


Quelques exemples précis à l’appui de ces constats. Premièrement, plus on avance dans la construction européenne qui nous est imposée, moins l’exigence démocratique y trouve son compte.


Les traités existants disposent que « la Commission propose et le Conseil décide.» Or, le 13 juin dernier, à l’occasion des élections pour le Parlement européen, il nous était impossible de sanctionner, positivement ou négativement, l’un et l’autre. Les deux institutions qui sont les plus importantes dans l’architecture institutionnelle européenne, la Commission et le Conseil, ne sont comptables de leurs décisions ni devant les citoyens, ni devant leurs représentants.


Les spécialistes du droit européen, toutes sensibilités politiques confondues, se sont accordés pour identifier l’absence de démocratie des institutions de l’Union en parlant de « déficit démocratique ». Ce n’est pas le moindre des paradoxes que le berceau de la démocratie construise son unité politique en se dispensant de la respecter.


Le Parlement ne dispose pas du droit de proposer et d’adopter ses propres textes. Il doit limiter son rôle législatif à l’élaboration de textes qui, dans 32 matières définies, doivent obtenir l’agrément de la Commission et du Conseil. Il ne peut voter ni les recettes de l’Union, ni le plus important de ses budgets, celui de l’agriculture. Quant à son pouvoir de contrôle sur la Commission, il est limité, en début de législature à la ratification du choix, par les chefs d’Etat et de gouvernement du président de la Commission et à la ratification de la composition de celle-ci. Pour les cinq ans de la législature, le contrôle est limité au respect de la conformité des choix politiques avec les traités, non au contenu de ces choix.


L’essentiel des décisions européennes résulte de choix opérés par une Commission extraordinairement perméable à l’influence des groupes de pression du monde des affaires, choix confortés par l’appui des Etats membres exprimés dans le cadre de structures totalement opaques, tel le Comité 133.


La construction européenne, telle qu’elle nous est imposée, consacre la victoire de la technocratie sur la démocratie. Inutile de s’interroger plus longtemps sur les raisons pour lesquelles, en juin dernier, 200 millions d’électeurs sur 350 millions d’inscrits ont choisi de ne pas cautionner cette parodie de démocratie.


Deuxième constat, plus on avance dans la construction européenne qui nous est imposée, plus s’accomplissent diverses formes de destruction sociale.


Je retiendrai deux secteurs importants de la vie de nos sociétés à l’appui de cette affirmation : le monde rural et les services publics. C’est par centaine de milliers qu’ont été détruits les emplois dans le monde rural à la suite d’une politique agricole commune qui a fait le choix de bâtir une agro-industrie au détriment de l’emploi dans l’agriculture, au détriment de la santé publique, au détriment de l’environnement et de la qualité de la vie de tous ceux qui se sont retrouvés dans les villes. C’est par la destruction de dizaines de milliers d’emploi que s’est traduite la décision de libéraliser les services publics du secteur marchand, consécutive au traité de Maastricht avec pour conséquence, sur le plan économique, qu’on est le plus souvent passé d’un monopole public à un monopole privé, et donc, que les consommateurs n’y ont rien gagné car, le plus souvent, les prix n’ont pas baissé et parfois même, je pense à la distribution de l’eau, ils ont augmenté pour une eau dont la qualité a diminué.


Troisième constat, plus on avance dans la construction européenne qui nous est imposée, plus nous sommes exposés aux méfaits de la mondialisation néolibérale. Contrairement à ce qu’affirme Pascal Lamy, face à cette mondialisation néolibérale, l’Europe n’est pas une partie de la solution, c’est une partie du problème.


L’Union européenne, dans l’enceinte de l’OMC comme dans les négociations bilatérales, s’efforce d’imposer des avancées substantielles en faveur de la dérégulation des Etats au profit des firmes privées, ce qui affecte directement le modèle social européen. La proposition de directive proposée le 13 janvier dernier par M. Frits Bolkestein en est l’illustration spectaculaire, car elle tend à imposer un AGCS aggravé.


C’est l’Union européenne, beaucoup plus que les Etats-Unis, qui a tenté d’imposer à l’OMC des négociations visant à réaliser dans le cadre de l’OMC ce qui a échoué avec l’Accord Multilatéral sur l’Investissement. Comme elle n’a pu l’obtenir à Cancun, elle essaie, aujourd’hui, de l’imposer dans le cadre des négociations avec les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique ainsi qu’avec les pays du Mercosur. Mais elle parle de « partenariat » avec les pays du Sud et « d’agenda pour le développement. »


C’est l’Union européenne avec les Etats-Unis qui, à l’OMC, est la plus agressive en ce qui concerne la privatisation et la marchandisation des services dans le cadre de l’AGCS. Mais elle se défend d’avoir l’intention de toucher aux services publics.


C’est l’Union européenne avec les Etats-Unis, qui, dans le cadre de l’accord sur les droits de propriété intellectuelle, protège d’abord les intérêts des firmes pharmaceutiques plutôt que de donner la priorité à la santé sur le profit. Mais elle affirme le contraire.


Quand l’Union européenne participe aux négociations d’adhésion d’un pays à l’OMC, je l’ai vécu personnellement dans le cas du Cambodge, elle n’hésite pas à demander à ce pays des concessions qui vont au-delà de ce qu’il est obligé d’accorder en vertu même des accords de l’OMC.


Enfin, quatrième constat, le « traité établissant une Constitution pour l’Europe » va renforcer, légaliser et pérenniser ces évolutions qui nous éloignent toujours plus du modèle de société qui est consubstantiel de l’idée d’Europe.


De quel modèle de société l’Europe est-elle porteuse ? Une société où, dans la liberté, se construisent des mécanismes de solidarité. C’est en Europe, et nulle part ailleurs, que dès le XVIIIe siècle, dans plusieurs pays, s’est exprimée la double revendication de libertés individuelles et de droits collectifs parfois dénommés droits sociaux. C’est la volonté des Européens, à la différence des Américains, comme à la différence de ce qui fut tenté dans le projet soviétique, de construire les rapports humains dans la double exigence de liberté et de solidarité. C’est ce qui fonde le projet européen. S’en écarter, c’est renoncer à notre spécificité.


Or, le traité constitutionnel européen s’en écarte résolument en donnant la priorité à des valeurs qui confèrent à l’économique la primauté sur le politique.


Soumettre les droits sociaux à la concurrence qui doit être « libre et non faussée », annoncer une « économie sociale de marché hautement compétitive » en inscrivant à satiété les critères de compétitivité sans jamais inscrire les minima sociaux requis, adhérer à la Convention européenne des droits de l’Homme sans adhérer à la Déclaration universelle des droits de l’Homme alors que la première ignore les droits collectifs que la seconde consacre, imposer l’unanimité pour réformer ce traité constitutionnel, ce n’est pas proposer aux peuples d’Europe une Constitution qui fait consensus, c’est imposer un projet politique idéologiquement orienté aux générations présentes et à celles qui viennent.


La question qui se pose à nous, aujourd’hui, avec ce projet de traité constitutionnel, est simple : voulons-nous que le XXIe siècle qui commence soit à l’image du XIXe siècle du laisser faire - laisser passer ou bien voulons-nous qu’il consacre la réalisation d’une Europe unie, démocratique, solidaire et humaniste. ?


Dire « oui » à ce traité constitutionnel, c’est bloquer l’avenir durablement dans une direction qui signifie en fait une terrible régression. Face au blocage qu’impose ce traité constitutionnel, je veux citer une autre Constitution, celle de 1793, dont la déclaration des droits fondamentaux en son article 28 stipulait : « Un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer sa Constitution. Une génération ne peut assujettir à ses lois les générations futures. » C’est à cette sagesse des révolutionnaires que je voudrais inviter les décideurs d’aujourd’hui.



|| Rom # 13:36

26 novembre 2004

Retour (en grâce)

Tout en écoutant The Opiates, se rendre compte du retour de Lavorama. Une bonne fin de semaine en somme.


|| Rom # 11:46

24 novembre 2004

Un autre son de cloche

Jusqu'à neuf c'est ok tu es in
Après quoi t'es ko tu es out
C'est idem
Pour la boxe
Le ciné la mode et le Cash-box


|| Rom # 07:51

23 novembre 2004

Un air dans la tête

Tu la voyais pas comme ça ta vie,
Pas d'attaché-case quand t'étais p'tit,
Ton corps enfermé, costume crétin,
T'imaginais pas, j'sais bien.
Moi aussi j'en ai rêvé des rêves. Tant pis.
Tu la voyais grande et c'est une toute petite vie.
Tu la voyais pas comme ça, l'histoire :
Toi, t'étais tempête et rocher noir.
Mais qui t'a cassé ta boule de cristal,
Cassé tes envies, rendu banal ?
T'es moche en moustache, en laides sandales,
T'es cloche en bancal, p'tit caporal de centre commercial.


|| Rom # 22:50

19 novembre 2004

Vendredi-socialie

"Il faut interroger (Mai 68), le remettre en cause comme tout héritage", précisait François Hollande le 24 octobre. J'ai justement le sentiment d'avoir hérité de François Hollande ; or, je ne connais pas un être humain qui ait envie d'entendre encore ce genre de discours. Ni qui croit sérieusement que MM. Fabius et Strauss-Kahn aient enfin compris leurs erreurs passées, pas plus que je ne connais quelqu'un qui conçoive de déposer un bulletin "Jack Lang" dans une urne.

Lettre d'un enfant mal structuré de Mai 68, par Julien Millanvoye (reproduit sur son site par Kitetoa)

Sinon, bon anniversaire à rezo.net, le Portail des copains.


|| Rom # 14:27

17 novembre 2004

Mercredi-économie

"... l'économie dominante ne domine pas en fonction de sa capacité de rendre compte de la réalité, mais pour d'autres raisons moins honorables"

Michel Husson : Comment domine l'économie dominante ? (format PDF)


|| Rom # 19:41

16 novembre 2004

Vu à la télé

L'armée américaine a annoncé qu'une enquête avait été ouverte. Les militants UMP ont commencé à voter par internet pour élire leur futur président. Sur les neuf premiers mois de l'année, environ 3.000 constatations ont été effectuées par la douane et ont abouti à la saisie de plus de 2,5 millions d'articles de contrefaçon, soit des hausses de respectivement plus de 50% et plus de 70% par rapport à la même période de 2003. Rolf Schmidt-Holtz, qui a supervisé la fusion des filiales musicales de Bertelsmann et de Sony, a déclaré que l'échange de fichiers sur internet était trop populaire pour être ignoré et qu'il souhaitait le rendre légal. C'est après d'âpres discussions - le prix a été communiqué avec 40 minutes de retard - et 11 tours de scrutin que ce livre a été retenu, avec 6 voix contre 4 à Eric Fottorino, journaliste au Monde ("Korsakov", Gallimard). Le chanteur ne retournera toutefois pas en prison puiqu'il a déjà purgé sa peine en détention provisoire. M. Thaksin, dont le gouvernement est incapable de ramener la paix dans le sud à majorité musulmane où une rébellion séparatiste a fait plus de 540 morts depuis janvier, fait face à la pire crise de son mandat après la mort fin octobre de 87 manifestants musulmans entre les mains des forces de l'ordre. L'ESA (Agence spatiale européenne) a annoncé mardi que 13 mois après son lancement par une Ariane 5, le satellite SMART-1, dont la mission inédite est de cartographier la topographie et la composition minéralogique du satellite naturel de la Terre, a été capturé par la gravité de la Lune à 18h53 (17h53 GMT) la veille. Une étude présentée à la réunion de l'American Association for the study of Liver Diseases de Boston, et portant sur près de 80 patients non-répondants aux traitements classiques par interféron et ribavirine, paraît encourageante. Victime d'un accident musculaire lors du match perdu contre Clermont (L2) en 16e de finale de la Coupe de la Ligue (0-0, 5 tirs au but à 4), Eduardo a passé une échographie qui a révélé une petite déchirure.

|| Rom # 16:15

15 novembre 2004

Un président pour la France

Ca fait quelque temps que l'idée fait son chemin dans mon cerveau. Alors que les Américains patientent en attendant d'avoir un Terminator à la présidence de leurs Etats-Unis, qui va-t-on leur opposer prochainement ? Un opportuniste de seconde zone qui vient défendre sa politique comme s'il s'agissait du dernier navet à la française de son ami Christian Clavier ? Allons, quelqu'un qui a soutenu Balladur et dont le frère est numéro 2 du premier syndicat patronnal ne peut pas être crédible très longtemps...

Non, je vois un seul acteur de profession capable de tenir la dragée haute à celui qui immortalisa Conan le barbare. En tout cas, c'est celui que je soutiens à partir d'aujourd'hui.



Seul Jean Rochefort a toute la classe et le poids nécessaires pour représenter la France sur la scène nationale et internationale (puisque du côté américain, c'est bien de cela qu'il s'agit). Sans parler du dyptique Le Grand Blond (dans lequel, je vous l'accorde, il ne tient pas un très grand rôle), souvenons-nous de celui qui illumina l'oeuvre d'Yves Robert (notamment le méconnu Courage, fuyons) et n'oublions jamais qu'il fit partie de la distribution d'un des rares longs métrages dont l'échec a été filmé (Lost in la Mancha). Et puis, vous en connaissez beaucoup des moustachus qui ont chanté du Jean-Roger Caussimon en duo avec Jean-Pierre Marielle ? Bon, alors...
Sur ce, je vais me remettre à l'équitation séance tenante.


(Tenez, j'ai même trouvé un soutien de poids en la personne de l'ami Scrima.
Si ce n'est pas une preuve.)


|| Rom # 15:06

14 novembre 2004

Foglia est là

"Collaboration spéciale Pierre Foglia
La Presse, Montréal, Jeudi, 20 mai 2004
Le Dalaï-lama, l'Horreur, l'Autre

Je ne déteste pas le dalaï-lama, pas du tout

Je vous ai trouvé pas mal gagas avec le dalaï-lama. Même si j'étais en vacances, je vous ai vus vous prosterner. J'ai eu un peu honte, je dois dire. C'est drôle comme vous avalez n'importe quoi. Arrive un type dans une robe orange qui vous dit, moi là, je suis la 14è réincarnation du « Boddhisattwa » et hop, aussi sec, vous lui baisez le bas de la robe, et vous lui donnez le Nobel de la paix, même si vous n'avez aucune foutue idée de quoi y cause.
Voulez je vous dise, pour moi, le dalaï-lama c'est comme la mer. Je dis toujours que je déteste la mer. Mais je ne déteste pas la mer. Je déteste les gens au bord de la mer. Je déteste l'épicière sur son matelas pneumatique, je déteste ce que sont devenus les bords de toutes les mers, mais la mer elle-même, j'en ai rien à foutre. Pareil le dalaï-lama, rien à foutre. Mais je déteste Richard Gere. Je déteste l'association Laval-Tibet qui n'existe sans doute pas. Une fois, je suis allé pédaler au Tibet, et dans notre groupe, il y avait des gens de Laval. On est parti de Lhassa en vélo pour se rendre à Katmandou au Népal, l'expédition a mal tourné, mais la première semaine, on a pédalé le Tibet, Qütü, Nagarzé, les hauts plateaux désertiques himalayens, de temps en temps on croisait des nomades qui se traînaient à genoux dans la poussière vers quelque temple, les petits enfants nous tiraient la langue, c'est leur façon de dire bonjour. Les gens de Laval dont je vous parle étaient très jeunes, parents catholiques, grands-parents catholiques, une soeur missionnaire au Nicaragua. Comment ont-ils pu devenir bouddhistes à 22 ans, sans être pratiquement jamais sortis de leur sous-sol de Pont-Viau ? Fouille-moi.
Que dis-je, bouddhistes ! Ce serait trop simple. Bouddhistes tibétains ! (on dit plus couramment : lamaïque). Les bouddhistes tibétains ou lamaïques représentent moins de 1% des bouddhistes du monde. Ce sont les moins spirituellement évolués des bouddhistes, plus portés sur la magie que sur la sagesse, des réformistes sectaires comme on en trouve à l'intérieur de toutes les grandes religions. Je me revois pédaler à côté des Lavallois et leur dire tant qu'à prendre la religion pour un sport extrême, pourquoi pas rejoindre les juifs à boudins d'Outremont ? C'est aussi une minorité à l'intérieur d'une grande religion, et ça vous ferait bien moins loin pour aller en pèlerinage.
Mais le tibétain de Laval est d'abord un croisé qui veut combattre les vilains oppresseurs chinois. On n'est pas fait pour s'entendre. Moi, au Tibet, j'ai surtout aimé les Chinois. Les seuls Tibétains qui m'ont fait tripper, ce sont ceux que j'ai rencontrés aux Indes, des jeunes en révolte contre la diaspora, volontairement déconnectés de leur culture tibétaine, critiques à l'égard du dalaï-lama et de l'obscurantiste théocratie dont il cultive le souvenir.
Mais comme je vous disais, je ne déteste pas le dalaï-lama lui-même, j'en ai rien à foutre. Je déteste Richard Gere, les bouddhistes tibétains de Laval, la fausse sagesse, le lait de yak, le fromage de yak, la confiture de yak, les sandales en cuir de yak et le tourisme métaphysique. (...)"

Pour le reste (des chroniques récentes), c'est dans les archives numérotées 3 de ce site bizarre.


|| Rom # 13:59

13 novembre 2004

Piers Faccini, Leave No Trace

Bon d’accord, le rock est mort mais ça n’empêche pas d’autres musiques d’être bien vivantes, voire de vous donner envie d’acheter des disques (oui, oui). Surgi d’entre John Martyn (cette voix résignée de celui qui a tout vécu), Nick Drake (la grâce) et Mark Hollis (faire de la musique et du silence, se jouer d’eux), Piers fascine, enfin Faccini. Serait-on jusqu’au boutistes, on l’imaginerait bien accompagné parfois de Richard Thompson, mais peut-être serait-ce trop demander...

(La suite)


|| Rom # 11:37

08 novembre 2004

Quand même

Le système français des prix littéraires personnifie, entre corruption et dessous de table, le ridicule à la française, on ne peut s'empêcher d'être content pour Actes Sud.


|| Rom # 13:01

04 novembre 2004

Citation

"La guerre menée par le terrorisme contre ses adversaires déclarés est tout à fait invraisemblable. Pour être crédible, cette histoire exigerait triplement et simultanément une excessive stupidité des terroristes, une incompétence extravagante des services policiers et une folle irresponsabilité des médias. Cette invraisemblance est telle qu'il est impossible d'admettre que le terrorisme soit réellement ce qu'il prétend être."

Michel Bounan, Logique du terrorisme, Allia, 2003.


|| Rom # 08:48