Jamais content

31 août 2002


Lost in the supermarket too

Ca me console de voir que Pierre Foglia est tout aussi hagard que moi dans le fun shopping en devenir.

Au cas où vous ne l'auriez pas encore compris, quand ch'rai grand, j'veux faire Pierre Foglia comme métier.
- Mais c'est pas un métier !
- Mais, euh, ta gueule !

|| Rom # 23:43

Lost in the supermarket

Passé l'après-midi avec M. Scrima. D'abord au Regard moderne qui est un peu mieux rangé (apparemment). Une construction hétéroclite de bouquins ; une bibliothèque comme on en rêve. Un livre de Chester Brown que je ne connais pas, mais que je n'ose pas demander (même pas sûr de l'acheter). C'est même ça qui est un peu gênant dans cet endroit. Impossible de toucher quoi que ce soit sans déclencher un éboulement, voire un tremblement de terre.

Puis nous partons en expédition chez Gibert. Je ne trouve pas l'album de Yuko Nexus6, alors je me mets en tête tous les disques introuvables de la terre et leur assigne mentalement un prix (ridicule) afin de trouver une bonne excuse pour repartir les mains vides.

Je retrouve David au rayon jazz-blues-country-rock'n'roll et je repars, sur ses (bons) conseils, avec From Elvis in Memphis (juin 1969, déjà les rouflaquettes, pas encore l'embonpoint) et avec le Kristofferson du Kris du même nom - en fait la version remastérisée-4-titres-bonus-à-poil-devant-le-prisu du célèbre Me and Bobby McGee, sauf que là, la pochette est sublime.

Nous finissons notre périple dans un hangar aux trésors du XXème arrondissement : livres et disques d'occase. Il y a bien un 45 tours de Nancy Sinatra qui me fait de l'oeil mais, décidemment, ses anciens propriétaires ont dû s'en servir comme dessous de plat et il est trop cracra pour que je l'emporte.

Il n'est même pas cinq heures que je suis déjà physiquement très diminué alors que M. Scrima a l'air tout frais (malgré un mal de crâne). Pas de doute, il est bien entraîné, il a l'habitude. Mais, bon, je vais quand même pas me mettre à la gym non plus. Il faut juste que je me réhabitue peu à peu à la civilisation. Un peu moins de loose, un peu moins de blues.

|| Rom # 23:19

Spéciale kacedédi à Zygmunt Bauman qui remarquait en 1998 :

"Je me permets d'ajouter que les centres commerciaux sont construits pour que les gens ne cessent de se déplacer, de regarder, d'être occupés et divertis mais jamais pendant trop longtemps, par toutes les attractions qu'on peut y trouver. Rien n'est fait pour les encourager à s'arrêter, à se regarder, à se parler, à réfléchir, à peser le pour et le contre, et à discuter d'autre chose que des objets en vente : il ne faut surtout pas qu'ils occupent leur temps à des choses qui n'aient pas de valeur commerciale..."

Tous les commerciaux du monde en ont rêvé et ça va arriver bientôt tout près de chez vous : le fun shopping.

|| Rom # 00:48

30 août 2002


Phrase de fin :

Time has told me you're a rare, rare find.

|| Rom # 01:48

Le jeu du dictionnaire :

"Disposition favorable de l'affectivité et de la volonté à l'égard de ce qui est senti ou reconnu comme bon, diversifiée selon l'objet qui l'inspire."

J'attends vos réponses par email.

|| Rom # 01:47

Il n'aura pas échappé à certains que les chansons de Liz Phair de l'avant dernier post ont été traduites à l'arrache. Par souci d'authenticité (la valeur en hausse en ce début de troisième millénaire), je n'ai pas retouché ce texte venu des archives de l'année 2001. Voilà pourquoi. Pas une excuse, juste une explication. D'habitude en traduction, je déchire grave. Mais là, allez savoir...

|| Rom # 01:40

28 août 2002


Le 28 août, il ne se passe jamais rien. La preuve.

|| Rom # 21:42

27 août 2002

La justesse de Liz

En 1993, quand paraît son premier disque, Exile in Guyville, on va (un peu) se fixer sur le titre de celui-ci mais avant tout sur le caractère sexuel de certains de ses textes. C’est assez commode puisque on l’a, on la tient, notre Madonna du rock indépendant. Rolling Stone peut titrer « A rock’n’roll star is born ». Il semble que ces quelques traits saillants aient pu masquer le reste - qui est aussi l’essentiel.

J’apprends mon nom,
J’écris avec un crayon numéro deux,
Je travaille pour m’améliorer,
Je gagne le droit d’avoir ma gamelle,
Je viens quand on m’appelle,
Je saute quand on tient la cerise en l’air,
Je viens quand on m’appelle,
Je viens, c’est tout.
Balance tout ça au feu,
Crève avant l’aube.
Balance tout ça au feu,
Crève avant l’aube.
Je nettoie la maison,
Je range tous tes livres,
Je fais un joli liseré coloré,
Je lave ma bouche,
A cause de la bave.
Balance tout ça au feu,
Crève avant l’aube.
Balance tout ça au feu,
Crève avant l’aube.


En termes de symboles, on est loin de Fuck and Run ou de Flower, mais on est tout de même plus proche de Liz. La musique sur laquelle repose le texte de Canary n’est pas vraiment rock’n’roll. C’est plutôt l’enfant qui joue sur le piano du grenier pendant, qu’en bas, c’est la fête, la joie. Peut-être même qu’il fait beau dehors, alors ils sont tous dans le jardin… Mais elle préfère rester là, à jouer des accords à deux doigts, la gorge nouée - les mots ont un peu de mal à venir, mais ils sont là et ils resteront. Chopsticks (sur Whipsmart, 1994) est empreint du même dénuement, de la même tristesse.

Pas très rock’n’roll non plus, ce jeu de guitare décalé, à cheval entre deux mesures. Sur Stratford-On-Guy, c’est la fête du non-rock : la batterie est coincée dans le flanger et la main gauche se balade sur le manche à la recherche d’une mélodie hautement improbable : c’est qu’il s’agit de suivre une voix qui ne chante pas tant qu’elle raconte : Une histoire à dormir debout, ou plutôt un rêve éveillé dans un avion qui survole Chicago :

En 27 avant JC, j’étais derrière le manche à balai
Le paysage se déroulait comme un générique de film


Puis, la passagère est de nouveau sur son siège :

Et je faisais comme si j’étais dans une vidéo de Galaxie 500
L’hôtesse est repassée pour vérifier s’il me restait à boire
Dans les derniers rayons du soleil, comme une Brigitte Bardot
Il y a un chapeau sur mes écouteurs, avec des yeux
Qu’on a lorsque la situation est au format cinéma
Il a fallu une heure, un jour peut-être
Mais une fois j’ai vraiment écouté, le bruit
S’est évanoui


Lorsqu’elle respecte les canons du genre, c’est pour livrer non pas une chanson mais du pas-assez ou du débordement : sur Never Said, rien n’est dit en effet ; sur Fuck and Run, elle en dit un peu trop - trop en tout cas pour remarquer que c’est de solitude dont il est question.

|| Rom # 22:19

Coucou la rentrée !
LEMARRONNIER RULES THE UNIVERS

Adjoint de Leboss depuis un paquet d'années, Christopher Lemarronnier est le favori pour succéder à l'ancienne journaliste Christina « avec un sucre et magne-toi connasse » Lavieillepeau, atteinte par la limite d'âge, à la tête de l'unité jeunesse & stand de tirs au lance-roquettes de L-S TV. La décision devrait être annoncée le 12 octobre, lors d'un conseil d'administration sous Haute-Surveillance. Revue de détail avec Christopher Lemarronnier qui crache le morcif sous couvert d'anonymat.


(la suite chez Leucosite)


|| Rom # 02:54

La solution esquimau

Bientôt je parlerai en grand, en large et en travers de Pascal Garnier. Mais pas maintenant car il est un peu tard pour faire de l'exégèse.

|| Rom # 02:38

26 août 2002


You are sleeping, you do not want to believe

Parfois, ça vaut le coup de faire un effort pour rester éveillé. Après l'ultime épisode des Dossiers de l'inspecteur Lavardin (à base de jeu télévisé, de Verdi et de jeux de mots polyglottes), je zappe sur MTV juste à temps pour voir le clip de Someday qui voit s'affronter les Strokes et Guided by Voices dans l'émission Une famille en or.

Ou alors, je dors déjà et je nage dans un songe télévisuel.

Phrase de fin :
Je ne suis pas sûr qu'on finisse la nuit dans les chants et la danse.

|| Rom # 22:50

25 août 2002


Des Masques et des plumes

Après le énième visionnage de L'Aile ou la cuisse, échange de mails avec David Scrima au sujet de la filmographie de Louis de Funès.

C'est lui qui commence :
Dis donc je me demande si Nick Park le réalisateur de Chicken Run a vu L'Aile ou la cuisse ?
La séquence dans l'usine Tricatel me rappelle un scène où la machine à faire les tourtes est essayée... Je me demande...

J'enchaîne sur le mode Alain Riou :
Il y a des chances...
Très belle séquence aussi où De Funès (le père ; l'acteur comique vieillissant) veut passer le flambeau à Coluche (le fils ; l'acteur qui ne fera jamais un film comique à la hauteur de son talent). Finalement, celui-ci préfère rester clown. J'imagine que le réalisateur n'a pas, à l'époque, eu le sentiment qu'il avait raison.

Il poursuit :
Ce n'est pas une réussite ce film.
Les films avec Coluche je les ai tous vu avec mes parents au cinéma...
Que les comédies bien sûr...
Il y a un film où il joue un soldat gradé vachard dans un camp de militaires dans le désert... Le Fou de guerre peut-être... C'est un film italien.
Un truc un peu bizarre... Mal foutu mais dérangeant. Sûrement Coluche était mauvais acteur... Non, Tchao pantin me fait mentir.
De Funès dans Fantomas est génial !!!

Je fais mon Jacques Siclier :
Pour De Funès, une petite préférence pour Hibernatus et aussi pour Le Gendarme se marie (avec Claude Gensac). Pour L'Aile ou la cuisse, je trouve la fin très baclée (le coup de la montre) et limite démago ("finalement, tout se vaut..."). A noter, la femme qui joue le rôle de l'infirmière (la "piqueuse") a joué des petits rôles dans ce genre dans tous les films de De Funès des années 60-70 (une bonne soeur dans Le Gendarme en balade, sa femme dans je ne sais plus quel film).

David Scrima au service :
Oh il y en a un autre excellent avec Gensac aussi et Claude [ndlr : c'est de Maurice qu'il s'agit] Rich.
Le titre est un prénom...
Zut, j'ai un trou.
Et comme je ne peux par surfer sur le net, je ne peux chercher la réponse...
L'idéal eut été que De Funès joue dans un film de Tati !

Je renvoie :
Jo !
Avec le coup de la gloriette (le kiosque de M. et Mme Brisbaaaaaaaaaart !), le commissaire joué par Blier.... !
Un autre film que je n'aime qu'à moitié (la seconde partie tient plus du banal film d'aventures) mais qui vaut son pesant en mimiques et en gags : Le Grand restaurant (avec Blier également en commissaire taciturne) avec une scène d'anthologie de répétition de ballet avec Roger Caccia au piano et Maurice Rich au violoncelle.

Fin de partie


|| Rom # 23:49

Parmi les petits nouveaux, j'ai oublié un livre que je viens de commencer de lire. Ca s'appelle Quelques mois à l'Amélie et c'est signé Jean-C. Denis. Un seul petit hic : le pseudo du narrateur (Aloys Clarck, sûrement un jeu de mots). Pour le reste, c'est grand. Un peu comme du Pascal Garnier en moins sombre mais tout aussi drôle/triste. J'oubliais, l'auteur est également (avant tout) illustrateur / dessinateur en plus d'être écrivain.

|| Rom # 15:56

Comme je n'arrive pas à m'endormir, j'ai allumé une lumière ainsi que mon ordinateur ; je contemple le résultat de l'open vide-grenier de Philippe Dumez et du Colonel Moutarde : que de belles choses en perspective. Un petit livre de Fernando Pessoa sur Lisbonne (où j'irai un jour ou l'autre) ; un roman de Will Self ; un fanzine qui n'a dû connaître que quelques numéros (voire un seul), bourré de blocs de textes (brut, 10 ou 8 pts), avec au moins trois pages consacrées à Guided by Voices. Il est trop tard (ou trop tôt) pour me lancer dans la description des CD et vinyles que j'ai également glanés. Mais je sais qu'ils vont tous tenir leurs promesses ; et longtemps je me souviendrai du jour où ces objets (qui ont forcément une âme) ont changé, non de propriétaire, mais de lieu de vie. Alors, bienvenue les petits nouveaux, vous allez voir, vous allez être bien ici.

|| Rom # 05:14

24 août 2002


Erratum :

"Parce que j'aime autant vous dire que pour moi, Monsieur Eric, avec ses costumes tissés en Ecosse à Roubaix, ses boutons de manchette en simili et ses pompes à l'italienne fabriquées à Grenoble, eh ben, c'est rien qu'un demi-sel. Et là, je parle juste question présentation, parce que si je voulais me lancer dans la psychanalyse, j'ajouterais que c'est le roi des cons... Et encore, les rois, ils arrivent à l'heure..."
|| Rom # 14:39

"Je suis d'humeur à regarder France 3 Région ou à écouter un disque de Barbara. Je pourrais me pendre aussi mais je suis certain que la corde casserait".

Pascal Garnier, Nul n'est à l'abri du succès.
|| Rom # 03:08

Pas mal pour une journée qui avait commencé en eau de boudin : un premier sommeil qui vient (enfin) vers 5h00 du mat' (pas de frissons mais j'ai fini par couper le son), un lever vers 14h00 (après plusieurs tentatives déclenchées par des voisins bricoleurs ET inconscients) puis une journée un peu au radar. Même si cela se révèle une expédition de plus en plus insupportable (le quartier ? la distance ? le trajet ?), encore une bonne pioche à la médiathèque Malraux de la rue de Rennes. Jugez plutôt :
- le Nàu Ensemble (chamber orchestra) qui fait ses Variations on Joy Division (aussi beau que les originaux) ;
- Solid Air de John Martyn que je n'ai pas encore écouté mais qui promet ;
- le Live from the Atlantic Studios d'AC/DC, vanté par Etienne G et qui tient ses promesses haut la main,
- I Could Live in Hope de Low, juste pour le plaisir de reécouter leur première oeuvre ;
- To See the Lights, une compilation de Gene qui montre ce qu'auraient pu jouer les Smiths s'ils avaient continué sur leur lancée ;
- et, pour finir en beauté, The Stax Story, coffret 4 CD + livret, qui résume l'histoire du label de Jim Stewart et d'Estelle Axton d'assez belle façon.

Bon, bien sûr, impossible de trouver les oeuvres de Franz K. que je cherchais après la lecture du très beau Kafka de Robert Crumb et David Zane-Mairowitz, mais, you know, you can't always get what you want.

Ajoutons à cela, une rencontre (almost blind date) organisée par Archi Cheap avec La Pop, Laure Pas Vieille, Luc DS plus André HD et Lua en guest-stars et vous avez la pas-si-mauvaise-journée-que-ça type.
|| Rom # 01:43

23 août 2002


Things we did not lose in the fire : pour lire le blogue du groupe Low, c'est par ici.
|| Rom # 18:35

Ah, beh non, je m'ai gouré. Ce sont 663 romans que cette rentrée littéraire nous apporte. Du petit milieu de certains éditeurs et de certains suppléments littéraires : "Car bien entendu tous les auteurs n'ont pas les mêmes chances d'être lus et d'exister."
On se croirait dans le mileu de la musique - dans lequel certes, il n'y pas de prix Goncourt.

|| Rom # 00:30

Pierre Foglia est revenu de vacances et ça s'appelle La densification de choses. Penser à s'acheter un vélo.
|| Rom # 00:22

22 août 2002


"Ecrire des lettres, c'est un commerce avec les fantômes, non seulement avec celui du destinataire, mais encore avec le sien propre, qui grandit sous la main qui écrit... Les baisers écrits ne parviennent pas à destination, les fantômes les boivent en route."

Franz Kafka
|| Rom # 18:23

21 août 2002


Fragment

Dernièrement, en réécoutant The Ultimate Seaside Companion de The Bells, il m’est venue l’idée que quelque part, à la fin du vingtième siècle, ce n’est plus à la télévision que j’ai découvert de la musique intéressante mais à la radio.

Quand j’étais petit, avec mon frère nous squattions le marchand de journaux chaque début de mois pour acheter Best et/ou Rock & Folk. Autant être franc, ce n’était pas pour les articles de Philippe Garnier et d’Yves Adrien – je préférais ceux de Georges Daublon. Mais il n’y avait pas que les magazines de papier. Des choses insensées passaient sur le petit écran.

Alain Maneval avec son Mégahertz faisait entrer l’avant-garde dans la salle à manger de mes parents le samedi après-midi et s’obstinait à dire «Tam tam» à la place de «Bravo, merci» après le passage de quelque groupe obscur. Le mercredi à l’heure du goûter, un dénommé Jacky vêtu de violet et chaussé de creepers se dandinait en nous annonçant : «Salut, cette semaine dans Platine 45…». Tracey Ulman reprenait Drive My Car, Edith Nylon voyait sa vie en Cinémascope (ou en Panavision, je ne sais plus) et les gars de Van Halen en pinçaient pour leur prof’. Mais le meilleur venait le samedi soir.

Nous n’avions pas de magnétoscope, il s’agissait donc de veiller jusqu’à plus de minuit pour suivre Les Enfants du rock jusqu’au bout. Jean-Pierre Dionnet et Philippe Manœuvre faisaient les pitres avec leur Sex machine, entourés de jolies filles, passant des clips interdits (China Girl en version intégrale !) ou rares (Thriller de Michael Jackson en entier !) ainsi que des groupes «pas connus». Je me rappelle encore aujourd’hui l’hystérie de Philippe Manœuvre lors du premier concert en France des Woodentops (peut-être était-il même diffusé en direct ?).

Notre programme préféré était Rockline : Bernard Lenoir n’était déjà qu’une voix.. En générique, un des mix d’époque du Confusion de New Order sur des images en négatif de l’Angleterre thatchérienne : une entrée de station de métro (Underground), des punks… La plupart du temps, les chansons venaient de Top of the Pops (Howard Jones, Nik Kershaw, Bananarama, Human League…) et ne faisaient que mettre des visages sur des individus qui avaient la faveur du hit-parade de Jean-Loup Lafont sur Europe 1. Mais c’est aussi dans cette émission que je vis pour la première fois Liz Frazer psalmodiant Song to the Siren et Morrissey (se) demandant What difference does it make ?
|| Rom # 23:47

Antisocial, tu perds ton slip

C'est la semaine du virtuel. Après m'être fait fraggé tout l'après-midi (que du deathmatch, terminé le cooperative), je me retrouve sur le chat de Voila (enfin LES chats, il y en a douze mille). Ca défile à vitesse grand v, je ne pige rien aux couleurs, encore moins aux pv (conversations en privé où il ne se passe pas grand chose). Bref, je suis largué au milieu d'un troupeau de neuneus. Puis, La Pop a la bonne idée d'ouvrir un salon. Alors on se retrouve entre gens de goût : La Pop, Archi, (the famous) Laure PasVieille, Ordre Moral et mézigue (si j'en oublie, envoyer les insultes par email). Je suis presque rassuré. J'ai pas encore pied mais ça va venir.

Phrase de fin :
T'as des poignées d'amour, toi ?
|| Rom # 00:37

Ca vous a plu, hein
Vous en redemandez encore...

Des kilomètres de vie en rose

Vendredi 21 décembre 2000

Après avoir fait choux blanc au Bon Marché le week-end dernier, je plonge dans la mêlée de fin de matinée et je vais au Printemps. Je trouve rapidement le rayon jouets mais il n’y a pas ce que je cherche. Je pense à Bruno Ganz dans Les ailes du désir. Personne pour me renseigner et les rares employées que je croise sont encore plus pressées que les clients qui prennent d’assaut les caisses après avoir ramassé à la hâte deux ou trois gros cartons colorés.

Une jeune mère de famille épuisée s’est assise par terre, au bout d’un rayon, entourée de ses paquets. Avec mon statut d’ange, je pourrais peut-être aller la prendre dans mes bras. Je revois les infos de la veille : à Buenos Aires, les gens veulent aussi un Noël pour leurs enfants mais ils ne prennent pas d’assaut les caisses : elles sont vides. Je fais le tour du magasin deux ou trois fois en espérant qu’un humain doté d’un badge «Printemps – rayon jouets» va me demander «Vous cherchez quelque chose ?» ; mais il est vrai que je suis invisible.

Un autre magasin en forme de tour, presque vide. Ici, la spécialité, c’est le sport. Au rez-de-chaussée, une galerie circulaire avec des chaussures de tennis exposées comme des œuvres d’art. Un bruit insolite attire mon oreille : un souffle, un abus de distorsion, un vrombissement criblé de temps en temps par une fréquence haute, un feedback. Je croise deux pompiers de service. Je m’approche d’une bouche d’aération située en hauteur : la source du bruit. Il y a un vendeur derrière moi mais il ne semble pas remarquer ma présence. J’ai oublié mon enregistreur alors je reste là, fixant mon attention sur ce bruit, la tête levée vers la bouche d’aération. Une petite pensée pour l’enfance de La Monte Young. Je rentre au bureau.
(...)
Le soir chez moi, je tente de casser ce flux en me posant devant la télé : c’est Maigret version Jean Richard, la série policière dépressive dans toute sa splendeur, le boulevard Richard Lenoir plein de morgue. L’enfant que les Maigret n’auront jamais, la voisine intrigante, la femme au passé douteux, le mari trompé mais résigné, le chauffeur de taxi alcoolique…etc. Et ce brave Lucas qui se pèle avec son blouson en skaï marron tout heureux de bosser un 25 décembre ! «Ah, patron, je suis content, je crois qu’on la tient !». Entre temps, Jules Maigret (en congé, lui) s’est habillé, a allumé sa pipe trois ou quatre fois en plongeant l’appartement dans un bon vieux smog tandis que Louise Maigret a réparti son temps entre la cuisine (ranger, nettoyer, faire cuire) et la porte d’entrée blindée (ouvrir, fermer, ouvrir)… Rien de tel pour finir une semaine de merde. Avant de m’endormir, je me rappelle soudain que Jean Richard est mort. «Ah, patron, vous avez lu les journaux ? Il paraît que vous n’êtes plus.»
|| Rom # 00:26

20 août 2002


Par cette chaleur, vous prendrez bien un peu d'archive hivernale.

Des kilomètres de vie en rose

Jeudi 20 décembre 2000 :

Tenir un journal de ce premier Noël du troisième millénaire. Joli point de départ mais il faut avoir des choses à raconter, des moments à retranscrire. Je laisse de côté le classique calepin et j’opte pour mon enregistreur mini-disc qui passera plus inaperçu au bureau. Je me jure de l’emmener dès le lendemain. J’explique à un auditeur financier de passage qu’il peut brancher son portable sur une prise ADSL. Il refuse poliment en prétextant qu’il devrait changer ses paramètres réseau et me dit qu’il préfèrera, le cas échéant, se brancher sur une ligne téléphonique via son modem. Il se donne beaucoup de mal pour essayer de paraître incorruptible alors que cela va nous coûter plus cher. Il ressemble à Georges Simenon et l’espace d’un instant, je fais un rapide calcul : le créateur de Maigret disparu dans l’anonymat des institutions européennes… Géographiquement parlant, ce n’est pas sot et cela ferait agréablement rebondir ce début de journal mais je dois vite me rendre à l’évidence : d’un point de vue arithmétique, ça ne tient pas la route. Ce qui ne tient pas la route non plus, c’est la politique du FMI. Les Argentins ont l’occasion de s’en rendre compte. Je relis l’email d’André à propos de la soirée que j’ai ratée mardi. Il me fait chaud au cœur. Avoir eu un début de grippe précisément ce jour-là est peut-être le début de la fin. Depuis quelques jours, j’ai dans la tête Et maintenant que vais-je faire ? J’essaye de me persuader que la mort de Bécaud y est pour beaucoup et je tente d’oublier que cette chanson a été écrite par un gaulliste. Je finis ma journée en lisant des textes de l’Autre portail : Pierre Carles s’étonne qu’on ne tue plus les grands patrons. Je me rabats sur le site de Grosse fatigue. Joie de découvrir qu’il y plein de textes que je n’ai jamais lus. Cette semaine n’est pas complètement foutue.
|| Rom # 01:00

Phrase de fin :
Vous avez lifté une copine avec de la peau de dindon et elle a porté plainte, voilà tout.
|| Rom # 00:52

19 août 2002


Therefore I think

Bizarre le virtuel et tutti quanti. Je sors d'une heure et demie de jeu (Quake II en cooperative mode pour les spécialistes) en ligne avec des Américains. Comme on peut se choisir une apparence et un prénom, je m'appelais Electra et j'étais une fille. Que d'égards, que de galanterie. A chaque fois qu'un gros lourd s'acharnait sur ma modeste personne, ils venaient tous les deux à mon secours. Dès que j'étais perdu(e) - et quand on joue avec des pros, il y a de quoi -, ils venaient me chercher (il y en a même un qui a trouvé le moyen de me faire un signe de la main). Au bout du troisième frag (dix soucoupes volantes me canardent à bout portant), j'ai quitté le jeu, tout(e) pantelant(e).
Retour au réel, je mis Insignificance de l'ami Jim et je vais étendre du linge...
|| Rom # 17:10

"Barcelone était magnifique en décembre 1963. Après Paris, la ville semblait presque tropicale. Il fut convenu que je jouerais un mois dans une cave présentant du jazz depuis environ un an. En haut, Antonio Gades dansait, accompagné par des guitares, des claves et des castagnettes. Le club me fournit aussi un petit appartement. Je me mis à demander à des médecins de me prescrire du Palfium. Pendant mon engagement au club, je rencontrai une famille très influente, avec de nombreuses relations, et par leur intermédiaire, un médecin qui possédait une clinique ultramoderne et flambant neuve avec un bloc opératoire. Les compétences et les locaux de ce chirurgien attiraient des patients du monde entier. J'obtins bientôt de lui qu'il me rédige des ordonnances, et tout recommença une fois de plus."

Chet Baker, Comme si j'avais des ailes.
|| Rom # 01:22

18 août 2002


Paris-plage vient à peine de fermer et l'on annonce déjà que la rentrée littéraire comportera 650 romans (soit deux fois plus qu'il y a dix ans). Combien les critiques en ont-ils lu ? De combien les magazines, hebdomadaires, quotidiens vont parler ? Que de mystères.

Phrase de fin :
Ne me secouez pas, je suis plein de larmes.
(Henri Calet)
|| Rom # 20:37

17 août 2002

Lire par 30° à l'ombre le compte-rendu de la dernière Route du rock par Wilfried* et découvrir que l'enfer est froid et mouillé.
|| Rom # 12:09

Pendant que Rebekah Del Rio chante ses sanglots a capella, je nourris les deux poissons rouges dont j'ai la garde. Et je m'aperçois qu'ils ne communiquent pas : lorsque le grand rouge voit que les granulés sont à la surface, croyez-vous qu'il irait prévenir le petit blanc que c'est l'heure de manger ? Nan, il se jette là-dessus comme les bombes US bientôt sur l'Irak. Celui-là, il est mûr pour aller bosser chez Franprix.
|| Rom # 00:57

Chez Franprix, ils ont tout compris au monde d'aujourd'hui. Leur campagne pour recruter des caissiers / caissières et des magasiniers (les filles, c'est moins solide à la tâche) est un étonnant raccourci - en fait, pas tant que ça : "Votre futur employeur... vous êtes déjà son client !". Même McDo n'aurait pas osé.
|| Rom # 00:52

16 août 2002


En sortant de la boutique, j'ai bien une petite impression de m'être fait arnaquer. Le type a regardé les exemplaires de Miroir du monde et Vu, a mis les deux numéros d'Aspects sur la pile, a mal caché son intérêt pour l'unique numéro de Je suis partout ("Ah, c'était le journal qu'avait créé Brasillach !") et a écarté le numéro d'Eve (pourtant de 1922). Puis, il a marmonné comme s'il partait dans un calcul scientifique. "Ca fait 16 ou 17 euros mais j'arrondis à 20, ça vous va ?".

Un peu que ça me va ! En fait, sur le moment, je n'ai même pas fait la conversion en francs. Je m'attendais à tellement moins. Mais j'ai bien retenu la manière de faire : annoncer deux chiffres assez proches puis, arrondir à un autre chiffre, symbolique celui-là - mais en dessous de la valeur réelle. La prochaine fois, je saurai. En même temps, il serait bien qu'il n'y ait pas de prochaine fois.

Plus tard dans l'après midi, j'aperçois le jeune SDF de la rue Jeanne d'Arc assis à sa place habituelle. Juste avant, il a voulu, en lui disant bonjour, attirer l'attention d'un type qui lui a à peine donné l'heure. Il m'a reconnu et en passant, je m'arrête et lui donne une cigarette.
|| Rom # 23:18

15 août 2002


Le 15 août. Le vide. La chaleur.
Ecouter Nina Simone et relire ça. C'est pas mal.

You are dreaming but you do want to believe

Il est fort probable que les gens les plus libres soient ceux qui n’ont pas de poste de télévision chez eux. Mais il est aussi fort probable qu’ils passent à côté de certaines choses assez belles.

Si j’avais vu, sur un programme quelconque, le titre de ce documentaire accompagné de son horaire de diffusion, je n’aurais pas pris la peine de veiller tard pour me retrouver en face d’un désastre audiovisuel façon chaîne éducative, avec à la clé, une décoration de la France pour rattraper le temps perdu, 3 versions différentes de My Baby just Cares for me et Ne me quittes pas pour rassurer le chaland.

Pour commencer, un document rare des années 60 où la belle interprète Mississippi Goddam. Elle n’est pas au piano mais debout au micro, dansante. Un guitariste, Gibson demi-caisse avec ouïes en f, est dans le champ de la caméra, à côté d’elle. On devine un batteur, un pianiste… Le rythme de la chanson est sautillant, enjoué, alors que le texte, qui s’arrête sur ce que les Etats du Deep South font subir aux Noirs, tire l’auditeur par le bras, lui demande de s’arrêter pour écouter. Mais tout le monde sait ce qui se passe dans ce putain de Mississippi, n’est-ce pas ?

Des images de Martin Luther King, de Malcolm X, de Stoke Carmichael ("Comment pouvons-nous continuer à être non violents ?") ; puis d’autres, de lâchers de chiens policiers, de lynchages ordinaires, d’étranges fruits qui pendent aux arbres.

Elle raconte : A l’époque, je voulais devenir tueuse. J’ai demandé son fusil à mon mari. Je voulais aller dans le Sud, pour tous les tuer. Il a refusé. Je ne serais plus en vie aujourd’hui s’il avait accepté.

Puis, des images en couleurs, un show de la TV américaine. Elle est au piano, accompagnée d’un batteur et d’un contrebassiste. C’est l’histoire de quatre femmes.

Ma peau est noire
Mes bras sont grands
Mes cheveux sont laineux
Mon dos est solide
Assez solide pour supporter la douleur
Infligée encore et toujours
Comment m’appellent-ils ?
Mon nom est Tati Sarah, mon nom est Tati Sarah

Ma peau est jaune
Mes cheveux sont longs
Je viens d’entre deux mondes
Mon père était riche et blanc
Il a forcé ma mère une nuit
Comment m’appellent-ils ?
Mon nom est Sephronia, mon nom est Sephronia

Ma peau est bronzée
Mes cheveux sont beaux
Mes hanches vous invitent
Ma bouche est comme du vin
De qui suis-je la petite chérie ?
De quiconque a les moyens de payer
Comment m’appellent-ils ?
Mon nom est Petite Chose, mon nom est Petite Chose

Les résignations, les renoncements, l’autre joue éternellement tendue. Puis la colère. La vie reprend le dessus, la mort avec.

Ma peau est brune
J’ai de mauvaises manières
Je tuerai la première mère que je vois
Car ma vie a été dure
Ces jours-ci je suis terriblement amère
Parce que mes parents étaient esclaves
Comment m’appellent-ils ?
Mon nom est «Pêches» !

Ce n’est pas seulement une interprète, mais une artiste qui crée des chansons – les siennes et celles des autres. C’est tout, sauf une légende. Derrière tout cela, une vie. Un premier mariage qui tourne court. Un deuxième qui dure trop longtemps : le mari se veut aussi manager, voire auteur et compositeur – les musiciens jurent que cela n’a jamais été le cas. Puis c’est au tour des services secrets américains de la harceler. Elle s’exile à la fin des années soixante. Un parcours cahotant puis de nouveau le succès dans les années 80.

Avant tout ça, il y a la Caroline du Nord et une dispute avec son père lorsqu’elle est encore adolescente. «Vous savez les enfants, je travaille dur pour que vous viviez…» «Tu mens ! Comment peux-tu appeler cela du travail ? Ce n’est pas du travail !». Rupture. Elle quitte le foyer.

Elle parle : J’aimais beaucoup mon père. C’est le meilleur des hommes que j’ai connu, mais je ne pouvais pas supporter qu’il dise cela ; pour la première fois, il ne disait pas la vérité. Quand il est mort, je ne suis pas allée à l’enterrement. J’avais un concert ce soir-là. Aujourd’hui, je regrette, il me manque énormément.

Résister, ne pas faiblir, elle, la forte tête. Mais tout cela est trop fort pour que les larmes n’arrivent pas. On oublie les descriptions de ses apparitions : la folle qui pique des colères pour un rien, la lunatique qui arrive sur scène avec une heure de retard mais qui exhibe fièrement une décoration régionale. There’s more to the picture than meet the eye. On maudit un peu ceux qui n’ont retenu que le personnage sans raconter la personne.

En 1991, pendant le tournage, c’est le retour au village natal. Une petite fête avec sa mère et sa fille. Elles sont au piano pour chanter le gospel, call and response. Elle embrasse les voisins, va au cimetière pour trouver la tombe de son père.

La fin est un rêve, son seul rêve, maladroit et sincère. Sous des colonnes, à l’extérieur de quelque palais. Accompagnée d’un quatuor à cordes, la partition est dépliée devant ses yeux et elle interprète de la musique classique sur un piano de concert.
Des spectateurs chanceux en habits du dimanche,
Sont installés au loin sur quelques chaises blanches
Et l’écoutent.

|| Rom # 23:44

Here I am and within the reach of my hand
She's sound asleep and she's sweeter now
Than my wildest dream could have seen her
And I watch her slipping away

But I know I'll be hunting high and low, high
There's no end to the lengths I'll go to
Hunting high and low, high
There's no end to the lengths I'll go to...

|| Rom # 03:38

14 août 2002


En vidant mon sac de voyage, quelques journaux. D'abord Les Cahiers du cinéma, que j'ai achetés en premier lieu à cause de la couverture - Marilyn au bord d'une piscine déserte en train de mettre un peignoir, de profil, pensant sans doute cacher sa nudité aux techniciens du plateau. Les Cahiers ont beau avoir changé leur maquette (plus lisible, plus découpée), au niveau du contenu, c'est toujours un peu cul bouché-gâteau sec - enfin pas tous les articles non plus, mais certains sont des exemples du genre.

Lorsque j'étais à la fac, le grand truc, c'était de lire (ou d'avoir lu) Genette. Bien évidemment, j'ai évité tout de suite toutes les publications de cet homme par ailleurs sûrement sympathique. Inutile de préciser que toutes celles et ceux (il y avait beaucoup plus de filles) qui étaient tombé(e)s dans le panneau étaient infoutu(e)s d'utiliser ce qu'elles/ils avaient lu. A la vitesse à laquelle proliférait les "et Genette, il en parle, non ?", il était évident que nombreux étaient ceux qui l'avaient lu sans rien y comprendre. Le grand jeu était alors de voir comment un(e)tel(le) allait placer sa référence à Genette dans son exposé oral. Et un de ces exposés qui aurait pû être intéressant et vivant devenait pédant, ridicule et chiant.

C'est un peu le sentiment qui m'est venu en lisant l'article page 39 consacré à Pierre Richard. Le titre ainsi que le chapo donnent plutôt envie : "Pierre Richard, l'envol burlesque : Avant que la poisse ne lui tombe dessus chez Veber, l'huluberlu était aussi cinéaste, et pas des moindres. Revoyons Le Distrait et Les Malheurs d'Alfred."
Ajoutons à cela une photo tirée de chacun de ces deux chefs d'oeuvre : ça donne envie, non ?

Sauf que le reste - le texte de l'article sur deux colonnes - est imbitable. Il aurait plutôt tendance à éconduire les curieux et à donner raison aux cons ("votre truc, c'est pour les intellos"). Naïf, moi qui pensais que ce texte allait donner envie de (re)voir les malheurs d'Alfred Dumonthyer et la distraction de Pierre Malaquet (l'article est sensé informer sur la diffusion des deux films sur une chaîne du câble). A la place, on a droit aux élucubrations de Sébastien Bénédict et Olivier Joyard (oui, ils s'y sont mis à deux) qui ont trop parcouru ... (ici, on met le nom d'un penseur qui nous a pourri la vie étudiante).

Mais bon, dans ce n°570, il y a aussi des choses intéressantes. Par exemple, une double page sur le montage du prochain film de Philippe Grandrieux (Sombre), La Vie nouvelle ; une autre double page sur le cinéma argentin, un dossier sur Marilyn et Something's Got to Give, une longue interview de Jeanne Moreau sur son parcours (que je n'ai pas lu, mais la maquette et les photos font que je le garde pour plus tard)... Et là, ça donne envie.


Ensuite, Charlie Hebdo. C''est un peu comme Les Inrockuptibles. Il m'arrive de les acheter encore mais, vraiment, je ne sais plus trop pourquoi. C'est comme de revoir un(e) ami(e) de collège. On se demande qui a changé le plus. Merde, quoi, il/elle était pas comme ça avant ! Ou alors, est-ce moi qui me suis éloigné, qui ai pris un autre chemin ?

Et ben, dans Charlie, à part les dessins d'Honoré (tous) et ceux de Luz (pas tous, mais c'est exceptionnel)... Ah si, Bernard Marris est en vacances mais ils ont eu la bonne idée de confier sa demi-page à Susan George (maximum respect) pour un rappel des liens entre Bush Jr. et les executives d'ENRON. Pour le reste, Val fait du Val, Cavanna fait du Cavanna... et Polac fait du Polac (maximum respect 2). Mais ce que Charlie a raté n'est pas dans ces pages, ni dans les prochaines : au nom de je-ne-sais-quoi (et je ne veux pas savoir, chacun sa croix), ils n'ont jamais voulu passer sur internet. C'est bien français, ça. Alors que leurs cousins québecois du Couac n'ont pas hésité et ça ne rend pas leurs propos moins intéressants.

Honoré a beaucoup bossé pour ce numéro puisqu'il nous raconte comment la scientologie est en train de s'emparer de tout un quartier du 17éme parisien sous couvert de galerie, sauna, cours de dessin... etc. Un restaurateur s'est même senti obligé de mettre un écriteau "je ne suis pas scientologue" sur sa porte à cause d'une rumeur qui traînait... Il semble par contre que les journalistes français aient besoin de ce genre d'écriteau : la nouvelle people qui fait le bonheur de l'AFP, de Reuters et d'AP depuis hier, c'est le débarquement de John Travolta à l'aéroport du Bourget, en pilote de ligne, aux commandes d'un avion appartenant à une compagnie australienne. "Travolta fait une tournée mondiale aux commandes de son avion pour promouvoir la paix dans le monde". Personne pour se pencher sur le fait qu'il soit membre de la scientologie. D'ici à ce qu'il fasse une petite apparition dans le 17éme arrondissement...
|| Rom # 13:31

Pendant longtemps, pour avoir des nouvelles du Québec, je lisais la chronique de Pierre Foglia dans La Presse. Puis, je viens de m'apercevoir que celle de Rima Elkouri est vachement bien aussi.
|| Rom # 12:16

13 août 2002


"Rappelons une fois de plus ce que Michel Crozier a montré il y a déjà de nombreuses années dans son analyse pionnière du Phénomène bureaucratique : tous les types de domination se ramènent à une stratégie commune : permettre au dominant d'avoir autant de marge de manoeuvre et de liberté d'action possibles, tout en limitant strictement la liberté de décision de la partie dominée.

Cette stratégie a été autrefois appliquée avec succès par les gouvernements, mais ils en deviennent aujourd'hui les victimes. C'est maintenant le comportement des "marchés" - et d'abord de la finance mondiale - qui est devenu la source majeure de surprise et d'incertitude. Il n'est donc pas difficile de comprendre que l'édification de pouvoirs législatifs et de contrôle à l'échelle mondiale, en lieu et place des "Etats faibles" territoriaux, irait contre les intérêts du "marché mondial". Et il devient alors clair que, loin d'être en situation de conflits et d'avoir des intérêts contradictoires, la fragmentation politique et la mondialisation économique sont de proches alliés et conspirent de concert."

Zygmunt Bauman, Le Coût humain de la mondialisation.
|| Rom # 15:47

Le lundi est décidemment un jour chabrolien. A 21h00, le deuxième épisode des Dossiers de l'inspecteur Lavardin installe une bonne ambiance. Le fonctionnaire de police part cette fois pour Arcachon hors saison pour résoudre une histoire au départ banale : la mort d'un ouvrier qui lance une grève dans l'usine dirigée par un membre de l'élite locale. On a donc un face à face entre Jean Poiret et Bruno Cremer - très bon en roc qui cache une faille et qui fait tout pour être un coupable idéal. Comme souvent, Jean Lavardin est à la limite de la légalité ; est cassant avec les puissants (dans l'épisode présent, il se justifie auprès du gendarme qui l'accompagne : "Vous savez, ce métier commence à m'enmerder !") ; fait l'impasse lorsqu'on lui demande s'il a des enfants et fait une démonstration de cuisson idéale des oeufs au plat (ici, auprès d'une cuisinière qui retiendra ça toute sa vie). Cet épisode est très intéressant : il y a d'abord les clins d'oeil (des gros plans sur des septuagénaires à plusieurs reprises, sans rapport aucun avec l'intrigue) probablement en référence à des films hollywoodiens, mais aussi le fait que le dénouement intervient alors que Lavardin a été "dessaisi" de l'affaire (le frère du personnage joué par Cremer est le préfet de la région...). Ajoutez à cela une musique assez intéressante pour un film de télévision - je découvre à la fin seulement qu'elle est de Michel Portal alors qu'on entend surtout du piano (!).

Plus tard dans la soirée, Etienne effectue une figure de break dance sur le trottoir. Puis, dans le taxi, nous parlons d'AC/DC et de... Claude Chabrol

Phrase de fin :
Je ne suis pas sûr que l'on finisse la nuit sous des confettis.
|| Rom # 02:58

12 août 2002


Avant d'aller dormir, des chansons impossibles (trop d'amplitude) à fredonner :

- Brian Wilson : Surf's up*
- Curtis Mayfield : Move on up
- Grant Lee Buffalo : Mocking Birds

(* David Thomas triche pour sa reprise : il la chante une octave plus bas. Trop fastoche)
|| Rom # 02:33

Dehors je croise des étrangers
Des ombres qui marchent dans le noir
Ce n'est pas d'eux que vient le danger
Mais je reconnais chaque soir
Mon pire ennemi dans ce miroir

Je m'souviens de l'homme que j'étais, mais un traître
L'a fait disparaître
Et moi, qui suis-je ? chasseur ou chassé
Qu'est-ce qui s'est passé ?

Un peu submergé par plein de choses - dont une espèce de jet-lag immobile post-TGV seconde classe fumeurs (n'essayez jamais). Alors j'emprunte à Alain Chamfort (qui trouve que j'suis fort). J'ai compris ta philosophie, Baby Lou.
|| Rom # 00:37

09 août 2002


Un peu de lecture pendant mon absence :
http://rezo.net
http://www.emmanuelle.net/
http://www.blogmeblogmoi.blogspot.com/
http://katesullivan.blogspot.com/
http://pzf-online.blogspot.com/
http://lou.lautre.net/LousFoodPage/
http://www.employe-du-moi.org/
http://membres.lycos.fr/rouletterusse/
http://www.youngthumb.com/
http://www.nickdrake.net/

M'est avis que lorsque vous aurez lu tout ça, je serai revenu.
|| Rom # 12:31

Je suis actuellement en train de terminer le petit-déjeuner le plus long de toute l'histoire des petits-déjeuners, breakfast, en-cas et autre collations. "A cause de quoi ?", me direz-vous. Premièrement, on ne dit pas "à cause de quoi" mais "pourquoi" car c'est plus joli. Deuxièmement, La Pop vient d'ouvrir son site sur les rouflaquettes et je l'ai lu en entier (c'est dire). Oui alors, bien sûr, on va me dire : "woah l'aut'e, tout ça parce qu'on parle de lui". Tu la vois celle-là ? Alors regarde-la bien parce qu'elle va tomber...

Ringard, toi-même

En écoutant la Caravan de Duke Ellington reprise d’assez piteuse manière par un Bill Haley en fin de carrière, il me vient une question : qu’est-ce que ça fait pour un artiste de musique de soudain sentir que c’est fini, qu’il ne fera plus rien ? L’inspiration, le knack, l’idée lumineuse, appelez cela comme vous voulez, un jour, c’est finito, finished, terminé. Plus rien à écrire ou à jouer, même pas foutu de faire une reprise (Bill Haley fait toujours le mariole mais cette fois-ci avec le Whole Lotta Shakin’ de Jerry Lee Lewis), le trou noir, l’impasse. On se rend compte un peu tard que la mer est remontée depuis belle lurette et qu’on ne tiendra pas longtemps sur ce rocher, d’autant que tout le monde a quitté la plage et qu’avec ce foutu vent de terre, ce n’est pas la peine de crier, seules les mouettes vous entendent et elle se marrent bien les connes.

A propos de plage et de ringards, j’avais emprunté il y a quelques années en discothèque la réédition couplée 15 Big Ones / The Beach Boys Love You par pur fanatisme bien sûr. Je m’attendais à être déçu mais j’étais loin de la vérité. J’ai retrouvé les notes que j’avais prises à l’époque de cette plongée dans le monde de ceux qui ont été et qui ne sont plus :

Du premier, il n’y a pas grand-chose à dire. On se demande juste ce que sont les «ones». Quinze grosses daubes ? Dans ce cas, il n’y a pas tromperie sur la marchandise. Le contenu est aussi pitoyable que les photos d’époque : du brillant, du lamé, du gras et un bon parfum de has-been frelaté. Il suffit juste d’écouter la reprise de Just Once in my Life : le Mur du Son de Phil Spector a été retapissé avec de la fausse fourrure orange, un frise dorée court tout du long et il y a même un radio-réveil encastré pour couronner le tout.

En écoutant le second, on se cherche le sens de son titre : est-ce « les Beach Boys ne vous aiment pas » ou plutôt «par pitié, on sait qu’on est des gros ringards, aimez-nous quand même !» ? En feuilletant le livret, on s’aperçoit que Peter Buck qui s’est vu confier la tâche de rédiger les notes de pochettes avoue d’entrée : I have a confession to make : love you is my favorite Beach Boys album. S’ensuit une justification vaseuse disant à peu près que ce qui fait le charme de ce disque est son manque total de prétention. Soit, si ce n’était que cela, cher Peter. Mais l’as tu réécouté depuis 1977 ? OK, à l’époque, on pouvait être touché de voir le vaisseau fantôme s’enfoncer bien profond, mais n’est-ce pas aujourd’hui un peu pathétique de louer cette gondole un rien croupie ?

Bon bien sûr, c’est facile de tirer sur une ambulance, mais si j’ai quelque indulgence pour Holland et pour les 7 premières plages de Surf’s Up (moins le Student Demonstration Time de Mike Love, ‘faut pas déconner quand même), tout fan raisonnable (si cela existe) des Garçons de la Plage ne saurait en avoir pour la paire d’albums dont je viens de parler.

Malgré mon désintérêt total à l’endroit du sieur Bill Haley, j’éprouve des sentiments contrastés en l’écoutant égrener des standards rock’n’roll de manière aussi pitoyable («eh, regardez les jeunes, je peux encore servir !»). On voit bien que le ridicule ne tue pas sinon ce disque publié conjointement par le label Versailles et les productions Puzzle n’aurait jamais existé. De même, nous n’aurions pas l’Elvis de la fin, celui qui reprend Hey Jude et qui nous fait son American Trilogy – eût-il vécu un peu plus longtemps, il aurait soutenu Ronald Reagan et George Bush – comme les Beach Boys justement.

Est-ce que la ringardise ne serait pas un peu comme le quart d’heure de gloire warholien ? (et là, vous aurez tous reconnu la question qui tue qui fait qu’on s’achemine tout doucement vers une conclusion sans le montrer). On y est tous passé un jour ou un autre - pour les autres qu’ils se rassurent, ça viendra. Alors, allez-y, donnez-moi du mauvais goût, donnez-nous notre ringard quotidien.

Par contre, si quelqu’un veut bien avoir la gentillesse de dire à Damien Saez d’arrêter de vouloir faire chanteur comme métier, ce serait bien sympa.
|| Rom # 12:16

It's what all the cool kids are wearing this spring !

Que raconter que vous ne connaissiez déjà ? Ce soir, sur le pont d'Austerlitz, on ne dormait pas, on discutait.
Demain (tout à l'heure), je pars dans l'après-midi, alors Jamais content s'interrompera durant le week-end (la dominique, disent les cousins du Québèc). Mon Lomo fontionne enfin ; avec Graz nous avons testé un autre restaurant pas très bon (franchement pas bon, en fait) du côté de la Gare St Lazare ; je vais rater une soirée d'anthologie (mais peut-être est-ce mieux ainsi ?)... Alors, qu'est-ce qui reste ? Du passé :

Un vendredi soir plus enchanteur qu’un autre, je suis invité à un dîner.
Rapidement, je me rends compte que je suis le seul garçon puisque deux, bientôt trois, filles y participent – rien ne peut plus me réjouir, non pas par pur instant de mâle de base (genre "moi les nanas !" mais parce que j’aime beaucoup me retrouver avec des filles et les écouter, comme une sorte de privilège clandestin que beaucoup m’envient.
J’ai apporté les derniers disques que j’ai pu acquérir et je suis soulagé car, quoiqu’en on dise, je suis certain que je n’aurai pas de remarques sarcastiques, de moqueries lourdes. Bien sûr, il faut préciser que c’est du premier choix.
Dans l’ordre : le premier disque solo de Martin Gore (Counterfeit EP) constitué de reprises, puis Frantic de Bryan Ferry (avec deux reprises de Dylan) qui est un sommet fort enviable de grande classe masculine, discrètement (je baisse un peu le son) suivi de ce grand disque de Perry Blake, fantasme d’une California, pour terminer par ce qui restera probablement mon album préféré de Belle & Sebastian : Tiger Milk.
Oui, je sais, il est assez lâche de ma part de conduire une soirée avec un tel quatuor… En même temps, comment faire autrement ?

|| Rom # 03:06

08 août 2002


Ca castagne sec chez les Superdrug. Un ancien n'a pas supporté le putsch qui est en train de se préparer (le 14 août à la Guinguette pirate) et ne décolère (presque) pas.
Je suis bien loin de tout ça : dans la soul et le rythm'n'blues jusqu'au cou : Terry Callier, Curtis Mayfield, Freda Payne, Edwin Starr, Lamont Dozier, les Tempations, les Four Tops... et last but not least, William Devaughn : la version originale de Be Thankful for what you've got, c'est lui.
Où l'on s'aperçoit que Massive Attack a samplé le tout. Pas vraiment une reprise donc. Plutôt une copie carbone.
|| Rom # 01:49

07 août 2002


Phrase de fin :
Il est mort quand, Carlos Santana ?
|| Rom # 14:23

La nuit, sur le pont d'Austerlitz, les feux tricolores grésillent pendant que les sans-domicile dorment sur les grilles d'aération du métro. Le long de l'avenue Jenner, les iguanes dorment dans une vitrine pendant que les derniers fêtards sortent des restaurants asiatiques du boulevard Vincent Auriol. Et l'on se rappelle soudain une autre partie de l'interview nocturne de Claude Chabrol : "Je ne vois vraiment pas pourquoi on critique toute cette télé-réalité. Les acteurs y sont aussi bons que dans n'importe quelle sitcom".

J'ai enfin mis les pieds à L'Entre-potes. Est-ce la caméra, la diffusion ou mon écran de télévision ? En tout cas, l'endroit se révèle à la fois plus étroit et plus haut de plafond. En partant, je me rappelle cette scène filmée au ralenti : Christophe (Le dernier des Bevilacqua) quittant la rue en taxi - sans en être descendu - et Edouard Baer lui faisant au revoir de la main (l'anglais "waving goodbye" serait plus juste), le regard triste... Le tout avec Les Paradis perdus en fond musical. Magique.
|| Rom # 02:52

06 août 2002


Hier soir, soirée chabrolienne. D'abord Paris Première a la bonne idée de rediffuser L'Inspecteur Lavardin dans sa version télé. Dès le premier épisode tout y est... Les personnages sont soignés : Roger Carel en médécin légiste féru de citations latines, Mario David en inspecteur paumé déclarant après chaque interrogatoire de suspect "C'est pas lui" et Jean Poiret dans le rôle titre à la fois chaleureux et odieux.

Plus tard dans la nuit, à la radio, Chabrol raconte que jusqu'à l'âge de trois ans, ses parents l'ont d'abord pris pour un débile profond car il passait des heures entières, voire des journées à regarder dehors en tripotant une mèche de ses cheveux. Puis le petit Claude s'est mis à raconter la vie des voisins, des passants - de tous ceux qu'il avait regardés... Dans le même temps, il savait reconnaître les disques à leur pochette et à leur mélodie (à 3 ans). "Alors, je suis passé du stade de débile profond à celui de Dieu vivant !".
|| Rom # 11:17

05 août 2002


Puisque David Scrima a déjà très bien raconté la première édition des soirées Screening, il ne me reste plus qu'à sortir un inédit de la mémoire de mon disque dur (tout en écoutant A-ha me certifier que le soleil brille toujours à la TV).

William, it was really nothing

Sombre dimanche, il ne fait même pas froid. Je me rends à la Fondation Cartier pour voir l’exposition consacrée à William Eggleston sur la seule foi d’un article que j’ai lu. L’homme semble intéressant : avec les journalistes, il est soit taiseux, soit injurieux. Lorsqu’un magazine américain lui demande en 1976 un reportage sur Jimmy Carter dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle, il revient avec des scènes de paysages géorgiens.

La petite bio en anglais imprimée par la Fondation raconte que s’il n’est pas le premier à avoir utilisé la couleur pour ses photos, il est le seul à s’en servir de cette manière. Dans la partie droite du rez-de-chaussée du bâtiment de verre, on découvre ses derniers travaux : une série de clichés pris au Japon en septembre-octobre 2001. Décadrages, transparences, croisements de lignes et sujets ordinaires (Un tirage montrant du poisson frais me reste en mémoire). Descendons voir le reste.

Un vrai hall de gare. Je me demande si je ne suis pas tombé en plein vernissage - je n’ai pas eu à faire la queue à l’entrée mais j’ai quand même acheté mon ticket… Ou alors, je suis en train de dormir et je rêve que j’ai pris le métro direction Raspail. Oui, c’est ça, je vais me réveiller vers 10h00 et j’irai au cinéma pour conjurer le sort.

Ce n’est pas un vernissage, c’est pire. C’est une réunion de famille : retraités (une sexagénaire hurle à son mari, déjà loin : "tirage argent, chéri, qu’est-ce que c’est ?"), couples avec enfants en bas âge (cette gamine qui joue avec sa mère pendant que le père explique – en anglais ! - au fiston de 7 ans que la beauté réside ici dans le "nearly abstract"), touristes américains qui subissent la dernière étape de leur périple voyage+musée. L’exposition même est à l’avenant. Bien que peu bricoleur, je pense rapidement que j’aurai pu disposer les cadres et les lumières sans que ceux-ci ne reflètent le visage des visiteurs et occultent la vision des tirages de William Eggleston. Il faut en effet faire preuve de souplesse physique pour pouvoir apprécier les différentes vues des non-endroits et des anonymes de Memphis, Tennessee. La dernière pièce qui présente une série commandée par la Fondation sur le thème du désert n’est pas mieux lotie (encore plus de lumière et de reflets) mais comme par miracle, il y a moins de monde.

Revenu en haut pour revoir Kyoto, je m’aperçois que j’ai raté le verso d’un panneau. Je n’en vois pas grand chose puisque de ce côté, il n’y pas de lumière. Je monte à la librairie en pensant qu’en feuilletant le catalogue de l’expo, j’aurai plus de chances. Beaucoup de visiteurs ont eu la même idée.

Le soir même, je me console en regardant Jackass, la meilleure émission sportive du monde.
|| Rom # 01:24

04 août 2002


Phrase de fin :
Va t'faire cuire un oeuf, y'en a ras l'pompon, ras l'baigneur.
|| Rom # 11:27

03 août 2002


A quoi ça tient ?
Je n'ai jamais aimé Janis Joplin.
Un proverbe d'Afrique du Nord dit :
"C'est celui qui crie le plus fort qui a tort".

Phrase de fin :
Tu sais faire bouger tes oreilles ?
|| Rom # 14:15

02 août 2002


Hier soir, je m'en suis rendu compte en regardant autour de moi tous ces gens accoudés au bar (j'vous dirais pas où), il est parfois des moments où il faut savoir arrêter une conversation et à moins de vouloir passer pour un gougnafier ou une sans-gêne (et dans ce cas, un simple "ta gueule" suffira amplement), ce n'est pas simple.

Je me propose donc de donner ici, de temps en temps, ce que j'appellerais une "phrase de fin" qui vous permettra de couper net toute conversation qui s'en va tranquillement mais sûrement vers les rivages de l'ennui (c'est beau, non ?).

Phrase de fin :
Quand je serai grand, ch'rai ambassadeur.
|| Rom # 16:16

Laissez des indices, il y aura toujours quelqu'un qui les suivra.
(Bob Dylan)
|| Rom # 02:36
Du feu cramoisi à mes oreilles
Des chausses trappes qui vont et viennent
En feu sur des routes incendiées
Mes idées comme feuilles de route
"On se verra sur le bas-côté"
Fier malgré le chaud aux joues
Oui, J'étais bien vieux à l'époque
Aujourd'hui, je suis un gamin.


|| Rom # 02:19

01 août 2002


Les gens (un concept, ça ne se lâche pas comme ça) ne veulent plus se parler mais ils veulent bien se retrouver. Ce matin, un copain de mon frère envoie un lien (ça change des blagues et autres hoax) vers un site internet qui me propose de retrouver mes copains d'avant... C'est con, encore plus con que le concept "les gens" - et pourtant, je suis sûr que ça marche ! Les gens que j'ai laissés derrière n'étaient pas mes copains alors je ne vais aller les rechercher, surtout en laissant mes traces sur un hypothétique "point.com" ! Ah oui, j'oubliais, ça marche pour les écoles, collèges, lycées mais aussi pour les entreprises ! Ami chômeur ou RMIste, tu veux savoir combien de tes anciens camarades de licenciement se sont suicidés, viens voir sur notre site !
Les gens, ils sont cons, moi j'vous dis.
|| Rom # 14:07

Il y a un concept vachement intéressant quand on ne sait pas quoi dire, je veux parler du concept "les gens". Par exemple, j'ai du mal à comprendre pourquoi les gens s'indignent de ce que Paul Weller ait arrêté The Jam pour faire Style Council. Les gens, 'y seraient pas un peu cons, des fois ? Il n'y a qu'à écouter les dernières chansons telles Beat Surrender pour se rendre compte que Weller a envie d'autre chose. Et comme il ne peut sûrement pas dire à ces acolytes "allez, on change un peu, j'en ai marre de faire de la pop gueulante", il arrête pour faire autre chose. D'ailleurs peut-être que les deux autres avaient aussi envie d'autre chose ?

Tant que Weller a fait un peu ce dont il avait envie, c'était bien, non. Aujourd'hui, il veut re-faire. Il regarde en arrière (comme une bonne partie de la pop anglaise) et se dit que c'était bien. Il n'a plus envie de découvrir en jouant et ça se sent. OK, mettons qu'il fasse plaisir au public mais lui, est-ce qu'il se fait plaisir ? J'en doute.

"The public gets what the public wants"
(Paul Weller, Going Underground)
|| Rom # 13:56