Jamais content

31 juillet 2002


Ce soir, j'ai lu un grand texte sur Jonathan Richman puis une grande partie du site www.ou-pas.net consacré à François Rollin sa vie son oeuvre. Puis, j'ai envoyé un email conséquent aux auteurs dudit site (où je leur ai expliqué tout le bien que j'en pensais tout en déplorant la confusion involontaire entre Nathalie et Claude Sarraute qui y est faite). Après tout ça, vous comprendrez aisément que je n'ai pas grand chose à raconter. De plus, demain est mon dernier jour de travail avant trois semaines d'un congé bien mérité. Vous conviendrez alors qu'il se fait tard, que la température ce soir est nettement plus accueillante qu'hier et qu'il est donc temps d'aller se pieuter - rien ne sert d'attendre Aglaé et Sidonie, elles sont encore aux JMJ.
|| Rom # 00:31

29 juillet 2002


Dimanche, je vais chez mes parents pour les aider à bouger des meubles et je jette un coup d'oeil dans l'armoire du couloir. Mes disques sont encore là. Je les descends un par un - ce qui est un peu ridicule en soi puisqu'ils ont déjà subi pas mal de chocs naguère. Prévoyant, j'avais rangé les AC/DC en dernier et j'ai bien fait. Une infiltration venant du toit (infime mais durable) a commencé à flétrir un des disques de mon frère. J'esquisse un rictus pervers lorsque j'aperçois la pochette jaune eighties siglée Un autre monde. Tant que Dirty Deeds Done Dirt Cheap est intact (avec la feuille de lyrics à l'intérieur)...

Après avoir tout posé sur la moquette, je m'aperçois qu'il manque un vinyle et pas des moindres ! Puis, en aperçevant Moonflower, je me rappelle l'acte sacrilège de mon frère : à la fin des années 80, il avait échangé Revolver (d'époque ! puisqu'ayant appartenu à notre tante, généreuse donatrice) contre ce double boursouflé de Carlos Santana. Je remets Un autre monde dans le placard en espérant qu'une pluie torrentielle se déclenche sur le champ. "Je rêvais que tout s'innonde".
|| Rom # 23:57

28 juillet 2002


Marre de ces mecs (pas possible que des filles soient aussi cons) qui se connectent à Blubster sans prendre un pseudo décent. C'est quand même pas difficile de s'inventer un nom (et la vie qui va avec). Hier soir, ils étaient trois "Anonymous" à scotcher mon répertoire : les deux premiers (ou était-ce un seul mec ?) avaient repéré deux covers de Is A Bonus (Lambchop) tandis que le dernier avait flashé sur We Have all the Time in the World repris par My Bloody Valentine. Je les ai laissés s'installer, espérer cinq minutes... puis, clic droit et "Cancel transfer" dans la teu-tê.

Et là, il y a cinq minutes, un "Anonymous" pointe sa face et reprend du My Bloody ! Je suis sûr que c'est le même que cette nuit. Je te l'ai viré à coup de pompes dans le train, non mais ! Je suis sûr que cet individu a un disque dur à l'image de son cerveau : juste des fichiers-système et quelques trucs piqués à droite à gauche mais rien à proposer, à offrir à ses congénères. Le néant, écran noir, nada.

Si ça se trouve, il est allé voir Marcus Miller en toute connaissance de cause, le Judas.
|| Rom # 21:22

Sur FIP ce matin, j'apprends qu'Ahmad Jamal joue pour la clôture du festival du Parc Floral. C'est gratuit et c'est à 16 heures ! Le temps d'une chanson et la voix féminine annonce que, oui, après beaucoup d'appels, elle doit reconnaître un oubli : Jamal a déclaré forfait et c'est donc Marcus Miller qui le remplace... La différence entre les deux, c'est que le premier a influencé Miles Davis à ses débuts - importance de la lenteur et des silences. Le second a participé à la dernière période du même Miles Davis et ça a donné une espèce de funk sénile noyauté par des requins jazz-rockeux. De la merde, donc.

Transposé au rock, c'est comme si on remplacait Alex Chilton par Joe Satriani. Sympa, la fausse joie.
|| Rom # 19:40


L'agenda de Jacques Chirac pour la semaine du 29 juillet au 4 août
PARIS (AP) - Voici le programme des activités du président Jacques Chirac prévues pour la semaine du 29 juillet au 4 août:

LUNDI 29 JUILLET

- 9H30: Réunion de travail en vue du sommet de Johannesburg avec des représentants des organisations non gouvernementales

- 12H: Shimon Peres, vice-Premier ministre et ministre des affaires étrangères de l'Etat d'Israël

MARDI 30 JUILLET

- 79e consultations franco-allemandes à Schwerin (Allemagne)

MERCREDI 31 JUILLET

- 10h: Conseil des ministres

- 13H15: Déjeuner avec le bureau de l'Assemblée nationale

- 16H00: Remise du rapport annuel de la CNIL par son président M. Gentot. AP

|| Rom # 00:01

27 juillet 2002


To Emma


It's plain to see, the sun won't shine today
but I ain't in the mood for sunshine anyway
maybe I'll go insane
I got to stop the pain
Or maybe I'll go down to see Kathleen.


A swallow comes and tells me of her dreams
She says she'd like to know just what they mean
I feel like I could die
as I watch her flying by
ride the north wind down to see Kathleen.


Stars hang high above, the oceans roar
the moon is come to lead me to her door
There's crystal across the sand
and the waves, they take my hand.
Soon I'm gonna see my sweet Kathleen.


Soon I'm gonna see my sweet Kathleen.

|| Rom # 00:21

Pendant que David Scrima se jette dans le jazz, je flotte dans la soul : Get Ready des Temptations, Move On Up (version longue) de Curtis Mayfield et surtout Rock Your Baby de George McCrae que j'ai fini par dénicher après tant d'années. Ce dernier fait partie de cette catégorie "seulement entendu par hasard à la radio", tout comme Peter Skellern, et il est quasiment impossible de dénicher ne serait-ce qu'une compilation en CD de ce genre d'individu. Parfois, à la radio on entend des trucs bien. Par exemple, ce soir sur Helter Skelter : Talk Talk, David Sylvian, Gavin Bryars, David Bowie (époque Outside)... Le tout entrecoupé des dialogues de Mulholland Drive. La classe, quoi.

Le rock héroïque, j'ai (provisoirement) arrêté. Mes voisins ne supportaient plus. D'ailleurs, depuis quelques jours, ils ont tous quitté l'immeuble. Manque de goût, sans doute. Ils doivent me prendre pour un terroriste islamiste. Connecté à Internet jusqu'à des 1h30 du matin, pas net le type. A ce propos, sur Uzine 3, un grand texte d'ARNO* qui se moque du quotidien (encore un peu) gothique du soir : Le Monde, sa parano d'internet et son remplissage de colonnes d'été.
|| Rom # 00:12

26 juillet 2002


Pour vous prouver la véracité de ce ras-le-bol, je vous affirme sur l'honneur (ou sur ce que vous voulez) que j'écoute en ce moment même Look Away de Big Country en version longue. Six minutes et trente trois secondes de choeurs virils et de guitares e-bow cornemusées (sans compter les passages a capella), les connaisseurs apprécieront ! Quant aux autres, je leur souhaite de ne jamais connaître pareille addiction (avec deux "d").

|| Rom # 01:56

Et voilà, la rançon d'un certain succès sans doute : on s'impatiente à la vue de mon blogue inchangé. De plus, je viens de m'apercevoir que le site jadis consacré à Daniel Prévost (où, entre autres choses, l'on pouvait admirer des coupures de presse datant de l'époque où celui-ci fit connaître à la France entière la ville de Montcuq). Sinon, il aurait été ô combien facile pour moi de vous dire : je m'aperçois avec effroi que je ne vous ai pas encore parlé de cul. Je sens bien que vous êtes déçus, vous qui vous êtes déplacés en pensant "il va nous raconter des cochonneries, tu sais, comme sur le blogue qu'on a visité l'autre fois".

Et bien non, je vous l'avoue, je pensais avoir affaire à des gens un peu au dessus de tout ça, qui s'intéressent à d'autres choses que le cul. Pourtant, la bite, le cul, moi je sais ce que c'est... Ca me desespère un peu de n'avoir que des lecteurs avides de ce genre de bassesses, alors que moi, je ne suis qu'un homme avec une bite et des couilles ! ALORS, JE CRIE "PITIE" POUR UN PAUVRE BLOGGEUR QUI EN A PLEIN LE CUL !
|| Rom # 01:51

25 juillet 2002


DISPARITIONS
Mort de Alan Lomax, musicologue américain
"Donner la voix aux sans-voix": telle était la devise du musicologue américain Alan Lomax. "Tombé amoureux de l'enregistrement sonore. Je voulais être écrivain ou scientifique. Et je me suis aperçu que les appareils portables me permettaient de faire la même chose qu'un écrivain : communiquer des expériences", déclarait-il au Monde en 1994. Depuis sa première mission de terrain, en 1933, Alan Lomax a découvert et enregistré Muddy Waters, Leadbelly, Woodie Guthrie ou Jelly Roll Morton. Il est mort vendredi 19 juillet d'un arrêt cardiaque dans un hôpital de Floride à l'âge de 86 ans. (la suite dans Le Monde)

|| Rom # 12:10

24 juillet 2002


Pour les non-germanophones (et éventuellement les non-fans de Bowie), le texte posté précédemment était la version allemande de Heroes. Pas grand-chose à dire d'autre puisque mon énergie est actuellement pompée par une angine du plus mauvais goût (une angine au mois de juillet, pfff...). David Scrima n'a créé son blogue que depuis quelques jours et il a déjà changé sa mise en page sobre par un truc jaune et orange qui déchire sa race. Il a même trouvé le moyen de balancer son titre de page sur la pub, là, en haut. Si ça se trouve, il n'a même pas fait exprès. Sinon, lapop fait des mises à jour régulières sur son site. On ne s'en lasse pas.

Pense-bête :
- penser à reprendre le Reflex de Duran Duran ;
- se demander pourquoi 18 de Moby sonne quand même bien ;
- chercher à comprendre pourquoi le MacArthur Park de Richard Harris arrive à frôler le kitsch sans jamais y tomber complètement ;
- être en forme demain, ce serait bien.
|| Rom # 22:44

23 juillet 2002


Du
Koenntest Du schwimmen
Wie Delphine
Delphine es tun
Niemand gibt uns eine Chance
Doch wir koennen siegen
Fuer immer und immer
Und wir sind dann Helden
Fuer einen tag

Ich
Ich bin dann Koenig
Und Du
Du Koenigin
Auch wenn sie
Unschlagbar scheinen
Werden wir Helden
Fuer einen Tag
Wir sind dann wir
An diesem Tag

Ich
Ich glaub' das zu traeumen
die Mauer
Im Ruecken war kalt
Schuesse peitschen die Luft
Doch wir kuessen
Als ob nichts geschieht
Und die Scham fiel auf ihre Seite
Oh, wir koennen sie schlagen
Fuer alle Zeiten
Dann sind wir Helden
Nur diesen Tag
Dann sind wir Helden
Dann sind wir Helden
Dann sind wir Helden
Nur diesen Tag

Dann sind wir Helden
|| Rom # 01:30

Un autre magicien, bien vivant, dont j'ai chopé un bootleg grâce à un ours rigolard par l'entremise duquel on peut partager avec tous les inconnus connectés au net (hein qu'elle est longue cette phrase, et attendez, ce n'est pas fini) des fichiers encodés de musique de jeunes mais pas seulement, y'a aussi des bons trucs, j'en ai déjà parlé plus bas, je suis un peu obsédé en ce moment.

Lorsque ce premier matin, j'avais tapé "Neil Young"... PAF, plus de 700 références dans la face. Bon, bien sûr, un peu pervers, j'ai tout de suite cliqué sur "Alabama (bootleg)". Le son est pourri, mais on aurait bien aimé y être à ce concert US où le Loner enchaîne son Alabama (avec force guitares, choeurs haut perchés et même des cordes !) à celui des Lynyrd Skinyrd (qui sont aux USA ce que les Cranberries sont à l'Irlande). Up yours, les Sudistes !

You're not the only one
With mixed emotions
You're not the only ship
Adrift on this ocean
You're not the only one
That's feeling lonesome
You're not the only one
With mixed emotions
|| Rom # 00:59

21 juillet 2002


A trois, nous essayons de protéger notre îlot. Une erreur tactique de l'un d'entre nous : reculer notre table en pensant avoir plus de place. Peine perdue.
Avec un Chilien, je discute de musique électronique. Mais aussi des Indiens mapuches et de leur situation dans son / leur pays. Il semble au courant, c'est déjà ça. Il reconnaît que la plupart des logiciels musicaux sont faits par des informaticiens et non par des gens attirés par la musique. Ceci explique qu'il ait mis un an à maitriser Logic Audio. J'en serai(s) incapable.

Place de la Bastille, un cinquantenaire, assez malsain, chevauche un VTC et diffuse tous azimuths du Frédéric François... Il est équipé "randonnée" ; le pédophile classique... Boulevard Bourdon, je le croise dans le sens inverse : il est vraiment équipé : short, lunettes de soleil, casquette, sac à dos et sacoches.

Arrivé sain et sauf (Les quelques humains que je croise cherchent tous un distributeur d'argent), j'écoute ce que j'ai glané depuis deux jours. Tim Hardin était et reste un magicien.
|| Rom # 03:07

20 juillet 2002


Well I've been up to my neck in trouble
Up to my neck in strife
Up to my neck in misery
For most of my life
I've been a fool
And you know what a fool can do
I'm telling you
You came along when I needed you
Now I'm up, I'm up to my neck in you


And I've been up to my neck in pleasure
Up to my neck in pain
I've been up to my neck on the railroad track
Waitin' for the train
To cruise on through
Well baby my time is due
Oh it's way overdue
You came along and you pulled me through
Now I'm up, up to my neck in you


Well I've been up to my neck in whiskey
I've been up to my neck in wine
I've been up to my neck in wishing
That this neck wasn't mine
I was a loser
You weren't lost
Baby you were too good, too good to be true
What you've got no one else could do
Now I'm up, I'm up to my neck in you


Yeah you came along when I needed you
Oh I'm up to my neck in you


|| Rom # 01:04

19 juillet 2002


Des raretés comme s'il en pleuvait. Ici, un bootleg de Neil Young. Là, Lee Hazlewood et Nancy Sinatra dans une version très hot de You've lost that loving feeling.
Le peer-to-peer, j'arrête quand je veux.
Mais pour l'instant, j'ai pas envie.
|| Rom # 22:52


J'allais oublier un blogue écrit par une fille que j'ai découvert aujourd'hui. Et ça commence plutôt bien.
|| Rom # 01:25

J'avais écrit au moins dix lignes quand j'ai malencontreusement appuyé sur la touche <-- de mon clavier. Résultat des courses, je suis revenu sur la page d'ouverture de Blogger. Et vu l'heure tardive, je n'ai ni la force, ni l'envie de retaper ces lignes qui parlaient d'arrivée prématurée au Pop In, de Nick Drake, de la passion d'Etienne G. pour le groupe Queen, de compilations de Johnny Cash, du site labyrinthique de Matthew Herbert et de bien d'autres choses encore.

Sachez quand même que chez les Bush, on joue comme on aime. Va comprendre, Charles.
|| Rom # 01:18

17 juillet 2002


Un peu fatigué, j'écoute le canal Weird de Weirdsville. Des tas de choses bizarres en effet cotoient Sonic Youth (qui jouent l'oeuvre de je ne sais quel compositeur contemporain) et Pet Sounds. En même temps, je lis le blogue que Plane m'a vanté ce matin et c'est tellement bien que ça me dégoûte presque de continuer ici.

- Allez, tu dis ça parce que t'es fatigué !
- Probable.

J'allais oublier : Mgr Philippe Barbarin, 51 ans, évêque de Moulins, a été nommé mardi archevêque de Lyon, en remplacement de Mgr Louis-Marie Billé, décédé en mars dernier. Des traces de cocaïne ont été trouvées dans l'urine de Luis Morales III ainsi que des traces d'alcool dans son estomac. Nicolas II et sa famille ont été canonisés en 2000 dans la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou. L'acteur qui incarne Pacey dans la série américaine Dawson file le parfait amour avec une jeune actrice qui porte le même nom que le feuilleton. La police allemande a fait irruption dans un appartement d'Offenbach, près de Francfort, pour découvrir que les cris qui en émanaient étaient le fait d'une septuagénaire qui s'exerçait pour son diplôme de chant tyrolien. Au terme d'un périple de 17 jours sur le Douro, une embarcation de sept mètres de long et intégralement faite de bouchons en liège, est arrivée à Porto, concrétisant le rêve d'enfant de son concepteur américain. Une ressortissante belge a fait voyager son amant kurde dans sa valise pour tenter de le faire entrer clandestinement en Italie, rapporte la police italienne. Ce fut l'occasion pour Jean-Pierre Raffarin d'apercevoir, par la vitre du train, une poignée de représentants de la "France d'en bas" manifestant en gare de Pagny-sur-Moselle contre le tracé du futur TGV.
|| Rom # 21:53

Sur rienfoutre.org, quelques citations bien senties sur le travail. Le Droit à la paresse de Paul Lafargue a été réédité par les éditions Allia. En plus, ce n'est pas cher. Sinon, on peut aussi le lire en ligne.
|| Rom # 01:34

Jamais de ma vie de collégien et de lycéen je n'ai rêvé d'être délégué de classe. Pourtant une fois, j'ai accepté d'être le suppléant d'un ami qui avait l'air de tenir à cette distinction. La seule réunion à laquelle j'ai participé à sa place se tenait avec les délégués des autres classes de quatrième et le conseiller d'éducation. Il s'agissait de décider s'il y aurait PLUS de frites ou ENCORE PLUS de frites au menu de la cantine. Ce fut décevant.
|| Rom # 00:44

16 juillet 2002


La nuit dernière, j'ai rêvé que je rencontrais Martin Gore à la sortie de son immeuble parisien (et oui, il n'habite ni L.A. ni en UK). Bien sûr, je lui ai dis tout le bien que je pensais de son Counterfeit EP puis lui ai demandé quand sortait son prochain album solo. Il m'a alors dit qu'il était prêt mais que quelqu'un l'en empêchait. Et puis là, je me suis réveillé. Il y a donc une enquête à mener.
|| Rom # 19:29

15 juillet 2002


En réécoutant de vieilles cassettes, certaines idées ne changent pas. Par exemple, le premier album de Devo, Are we not men ? We are Devo ?, bien que produit par Brian Eno (anagramme de One Brain), est vraiment sans relief par rapport aux demos et autres titres live pre-Warner Bros. que New Rose et Rykodisc avaient eu la bonne idée de rééditer au début des années 90. Sur Devo Hardcore, les mutants et autres créatures de l'espace sont, disons, un peu plus humains. Mais le meilleur vient de Devo Live : The Mongoloid Years, soit trois concerts respectivement de mai 1977, décembre 1976 et Halloween 1975.

Ce concert de Fête des morts, l'un de leurs premiers, est le plus impressionnant : un son à faire pâlir n'importe quel groupe garage du troisième millénaire et un public réellement con agressif - "cassez-vous" est la seule réponse des quelques privilégiés invités dans les locaux de la radio WHK de Cleveland (Ohio) à venir écouter Sun Ra (mais avant tout, ils doivent subir Devo en première partie). Les furieux d'Akron interprètent cela comme un encouragement et se font un devoir de continuer de plus belle, en rallongeant les morceaux avec des breaks de synthés plus proches du lavabo bouché ou du monte-charge rouillé que de la plage apaisante. Joyeux bordel.
|| Rom # 20:49

En regardant le documentaire Let It Bleed sur Arte, on en vient à penser qu'entre l'anglo-américain et le français, il existe une troisième langue : le Philippe Manoeuvre. En effet, l'Enfant du rock parvient à déjouer toutes les règles de la phonétique anglaise en mettant de l'accentuation et des voyelles pleines là où, en principe, il n'y en a pas. L'exemple le plus frappant reste lorsque parlant du "fameux" concert d'Altamont (décembre 1969, USA) et des Hells Angels, Manoeuvre prononce "Angels" en accentuant la deuxième syllabe. Ainsi, au lieu d'avoir quelque chose comme ['ein-djels], on a [en-'djeuls]. Cela montre aussi que malgré tout le progrès technique, il n'est pas possible de faire de la phonétique avec un ordinateur.

L'un des instants magiques du documentaire reste cette répétition filmée où Keith Richards ébauche cette grande chanson sous-estimée qu'est Mixed Emotions. On découvre à l'occasion que Keith est un très bon choriste qui maîtrise les harmonies. Qui qu'a dit que la cigarette c'est mauvais pour la santé ?
|| Rom # 00:12

14 juillet 2002

Il est 1h19 mais il y a encore beaucoup de monde qui quitte la place de la Bastille. Apparemment, la Fête nationale française est déjà commencée. En témoignent un podium (genre tournée des plages) et tous ces gens qui s'éparpillent qui à la recherche d'un taxi, qui à la recherche de son chemin.

En discutant avec GTM, je me rends compte qu'il ne connaît pas Swervedriver et donc pas Raise, leur premier album. Le veinard, il va découvrir, plus de dix ans après, un grand disque (apparemment méconnu).

Au Pop In (il faut bien le nommer), plein de choses reviennent. C'est ça, je dois acheter un Lomo ; enfin pas le modèle noir (un peu cher) mais celui en plastique, avec quatre objectifs (ou plus, si j'en crois les récentes évolutions).

Demain (dixit la première chaîne de télévision française et néanmoins privée), c'est le grand show de l'armée française. Cette année, en bonus, ce seront les pompiers de NYC. On espère qu'ils n'auront pas la même fin que SM Hassan II : le pauvre était venu en France assister au "grand show" il y a trois ans et ça l'a tué. Comme quoi...

Pendant ce temps, l'inamovible Pascal Lamy nous explique sans rire que l'AGCS c'est bon pour tout le monde - et surtout, cela va de soi, pour les pays en voie de développement. Il oublie juste de préciser que les PVD sont soumis à une telle pression de la part de leurs chaleureux grands frères du Nord qu'ils n'ont pas vraiment le choix. Alors évidemment, des phrases comme "Les pays pauvres ont un besoin énorme de services et n'ont pas, dans ce domaine pas plus que dans les autres, les capacités endogènes d'opérer eux-mêmes cette croissance" ont le mérite d'être vraies... mais insuffisantes.
|| Rom # 02:29

13 juillet 2002


"Ce n'est pas du tout pareil, finalement : l'écriture et la géologie. Il y a une certaine tromperie dans l'écriture ; vous essayez de rassembler tous les éléments intelligents, en jetant les moments chiants ou émoussés. En gros, c'est construire un mensonge et balancer la masse du mensonge dans les pattes du lecteur tout en se planquant derrière."

Rick Bass, Oil Notes.
|| Rom # 17:45

12 juillet 2002


Un vol de mouettes passe dans le ciel de Paris
Et Willie Nelson chante I Still Can't Believe You're Gone.
|| Rom # 22:22
A la bibliothèque André Malraux pour rendre des CD et en prendre d'autres. Atmosphère inhabituelle (nous sommes dans le 6éme arrondissement). Derrière le bureau, un type qu'on croirait entre deux tournées avec les Bad Seeds (chemise noire, pantalon noir et cheveux longs noirs) a mis Express de Love & Rockets à fond. Et en plus il est sympathique et aimable. Un peu destabilisé, je prends deux disques (dont un double) de Brad Mehldau sous prétexte qu'il y reprend River Man, Barbed Wire Kisses de Jesus and Mary Chain (pour Upside Down mais pas seulement), une réédition de Leon Thomas (produit par Bob Thiele en 1972, NYC), Phases and Stages de Willie Nelson que je ne connais pas, Raise de Swervedriver (il y a tellement de hits là-dedans qu'on croirait un best of), Song Cycle de Van Dyke Parks et un double de Bashung, Climax, avec plein d'inédits.

Si on ajoute à ça un déjeuner avec Fred P., Charlotte et les Panel of Judges, c'est ce que j'appelle une bonne journée.

Il peut pleuvoir, neiger, tempêter, tremblement-de-terriser, je m'en fous royalement.
|| Rom # 18:56

Ce soir, Graziella m'a de nouveau fait faux bond. C'est dommage. Je l'avais prévenue qu'Omé (ancien et nouveau membre d'Herman Düne) jouait ce soir au Pop In et qu'évidemment, cela allait être très bien. Je l'appelle même après le concert, histoire de la culpabiliser un peu mais, peine perdue, je tombe sur sa boîte vocale. Alors je laisse un message un peu sec pendant qu'André fait des vocalises sur son prénom. Ca lui apprendra.

Le concert d'Omé donc est très bien. Je suis même un peu jaloux de la manière dont il prend des accords simples et les décline de manière "bizarre". Je me dis qu'il faut rapidement que je fasse des copies de mon propre album afin de faire échange avec le sien. Mais bon, mon rêve serait quand même de faire des harmonies de voix sur ses chansons. Et je me vois mal aller lui en parler comme ça, tout de go (j'aime bien cette expression mais elle n'est pas facile à caser).

Des gens très bien me demandent des nouvelles de la fille-prof-d'histoire-géo. Je commence à être connu et apprécié - enfin pas vraiment moi mais cette page verte (j'ai réussi à changer un peu la mise en page malgré mes connaissances restreintes en html) sur laquelle j'ai juré d'écrire le plus régulièrement possible - et ce, au moins jusqu'à septembre, sinon plus. La fille-prof-d'histoire-géo est partie en vacances.

Je quitte le Pop In avec une bonne nouvelle : Philippe Dumez m'apprend que Milan Dargent participera au prochain numéro de Hit Record. Cela veut donc dire qu'il l'a rencontré !

André souhaite rentrer à la nage (en tous cas, il a déjà les lunettes pour), je préfère donc l'accompagner, on ne sait jamais : un requin pourrait se balader dans l'ancien fief de Jules Maigret.
|| Rom # 01:13

11 juillet 2002


Ce matin, un employé de Noos aussi loquace que Nicolas Anelka est venu me câbler (enfin mon PC, pas moi). Devant tant de modernité, j'ai trouvé la parade : je réécoute des cassettes. Même pas des CD copiés sur des cassettes vierges mais des vraies cassettes. Tout à l'heure, c'était la réédition de Smiley Smile / Wild Honey achetée dans les années 90. Et maintenant, Trans Europe Express de Kraftwerk en édition Fame de Pathé Marconi (1985) trouvée à 20 FF à la librairie Gilda. Je crois que je vais la laisser tourner plusieurs fois. C'est vraiment ce qui cadre le mieux avec tous ces téléchargements, mises à jour, enregistrements, log-in, mots de passe...
|| Rom # 13:02

Hier soir, notre ministre de l'Intérieur a fait son numéro sur la télévision publique. Il est fort dommage que ni lui, ni les journalistes qui lui posaient des questions ne soient pas allés jusqu'au bout du "pourquoi". Pourquoi quelqu'un qui ne touche que le RMI va essayer de s'en sortir financièrement par des moyens illégaux ? Pourquoi les parents de ce gamin de 12 ans qui ne veut plus aller à l'école "baissent les bras" ?

Cher Nicolas, ta France d'en bas (TM) baisse les bras alors qu'elle devrait les lever vers le ciel (en allant voir ton pote Johnny par exemple). Tu vois, tu as fait l'ENA puis jeune chiraquien, puis maire de Neuilly, puis ministre... Et plutôt de réfléchir deux minutes, tu nous ponds ça.
|| Rom # 12:56

10 juillet 2002


Ami pauvre et bordelais, saches que tu vas pouvoir assister au méga-show de Johnny Halliday en juillet 2003 pour moins cher que d'habitude. Avant donc d'aller t'entasser au stade municipal Chaban-Delmas, tu remercieras la majorité de ton conseil municipal, tu feras un bisou à ton Alain Juppé de maire puis une courbette devant Jean-Claude Camus (producteur) qui a eu cette lumineuse idée pour la tournée du 60ème anniversaire de l'idole des jeunes (et des pauvres aussi) :

- M. Le Maire de grande agglomération, tu me prêtes ton stade et aussi tu me fais un chèque de 228 700 euros (tu diras au conseil municipal que c'est une subvention sur la ligne budgétaire "culture") et en échange, tes pauvres (et aussi ceux des alentours) paieront leur place moins chère pour aller voir l'artiste que je produis avec vos sous.

- Euh, mais qu'est-ce que je gagne moi ?

- La paix, triple buse. Réfléchis deux secondes, pendant que tes pauvres seront au stade, ils oublieront qu'ils sont pauvres, qu'ils sont sur une liste d'attente depuis cinq ans pour avoir un appart' un peu plus grand, qu'il va falloir se serrer la ceinture pour payer la rentrée du petit dernier, que l'usine du coin va bientôt déménager en Asie du Sud...etc. Putain, 'faut tout te dire !

- Mais pourquoi vous faites ça... ?

- Pour rien, je fais dans le social, c'est mon métier... T'es vraiment un jambon toi quand tu t'y mets ! Premièrement, tu peux pas refuser une offre pareille et ton conseil municipal non plus : l'accès à la culture pour les plus défavorisés, c'est imparrable ! Si vous refusez, vous passez pour des gros nazes. Deuxièmement, la soustraction est facile à faire : le prix normal de la place est de 39 euros, alors ceux qui ne vont payer que 15 euros mettront le reste dans les T-shirts et autres bricoles.

- Et si je refuse quand même ?

- Rien à cirer. Ton stade, je le remplis quand même à plein tarif. Et toi, tu seras pas réélu.

(Pour lire la version clean, direction Le Monde)
|| Rom # 18:05

J'entends déjà quelques impatient(e)s : mais k'est-ce t'as foutu hier ? Bah oui, pas d'idée, pas envie d'écrire, pas l'temps. En plus, je vous ferai remarquer que j'ai posté deux textes avant-hier, alors molo, hein ? Plaignez-vous ! Bientôt vous pourrez me lire aussi sur Critiques ordinaires (enfin pas tous les jours, j'ai un vrai métier pour pouvoir me nourrir).

D'ici un an, je m'empare de l'Autre portail : ce sera toujours aussi intéressant sauf que c'est moi qui écrirai tous les textes et que chaque internaute sera suivi à la trace pour savoir ce qu'il aime, ce qu'il achète, ce qu'il consomme. Après, rapidement, je suis maître du monde (enfin, je partagerai avec Grosse fatigue et je lui laisserai l'hémisphère Sud), j'épouse la reine et je deviens roi.

Pour ne pas perdre le Nord, il faut zigzaguer.
(Takeshi Kitano).
|| Rom # 10:22

08 juillet 2002


Hier soir, avec Etienne G. et Fred P. (Intercontinental Records, etc.) soirée DVD entre mecs, comme des ados : Detroit Rock City, réalisé par Adam Rifkin (le même qui avait fait Welcome to Hollywood, faux documentaire assez drôle). L'argument, pas très original au départ (4 ados font tout et n'importe quoi pour assister au concert de Kiss qui a lieu à Detroit) est assez bien traité. A chaque situation, la chanson correspondante : Ladies Room, Shout it out Loud... Un bon film de fan donc.

Mais le meilleur du DVD (comme sur les meilleurs disques de jazz), ce sont les chutes, les scènes coupées au montage : sur 4 bonus, deux font référence explicitement à l'absence (réelle ou supposée) de la mère - ah, oui, j'allais oublier, les pères sont inexistants dans la vie des quatre ados. Et loin de moi l'idée de donner de l'importance à un "petit film". Je pense que cette histoire de mère absente (ou trop présente) est à creuser ici.

Et puis, il vaut mieux écouter KISS plutôt que d'être fan de Rambo, comme lui par exemple.
|| Rom # 17:38

Vendredi soir, rentré tôt je me mets à bouger les meubles chez moi. A la radio, sur Helter Skelter, ça discute punk : on entend Métal Urbain, Asphalt Jungle, Marie et les Garçons… Alors, forcément, ça facilite le ménage à une heure incongrue.

Ma planche et mes tréteaux quittent le fond de la pièce pour se rapprocher de la fenêtre et du soleil et la chaîne hi fi coupe le cordon ombilical qui la liait à l’ordinateur (« t’as bientôt un an, t’es assez grand pour te débrouiller tout seul… »). Fatalement, lorsqu’on se lance dans ce genre d’entreprise, on découvre son chez soi comme une annexe du Salon de l’agriculture : sous l’armoire qui ne bougera plus (elle a perdu deux pieds lors de l’emménagement), derrière la porte qui reste ouverte, sous le fauteuil américain qui ne se déplace jamais (il est trop vieux)… : des troupeaux entiers de moutons silencieux. Ils rejoignent bientôt leurs cousins dans le sac de l’aspirateur.

Une fois les tréteaux calés le long du mur, à coté de la vieille armoire, des vieux papiers resurgissent : un relevé de compte du 20 décembre 2000 créditeur à fond (on est en pleine science fiction) ; un ticket de bureau de change américain, un article du Monde sur Kurt Wagner ; la biographie de Jean-Charles Massera prise sur le site des éditions P.O.L ; une carte postale allongée d’Urbino (Italie) présentant les lieux du Duc Federico ; des dessins faits juste après un rêve ; des notes prises pendant une émission nocturne de France Culture sur les fréquences émises par les phoques ; les paroles du dernier album de Low ; la moitié d’un texte de Grosse fatigue sur le loto et la playlist d’une compilation, griffonnée à la hâte.

Sans doute il n’y a vraiment que la précipitation et l’improvisation qui fassent les meilleures compils : The Night de l’album éponyme de Morphine, No More Changing of the Guard des Bells (celle-ci devient peu à peu un classique), les Japonais de Silent Poets avec Terry Hall qui prête sa voix sur Sugar Man, Kathy Song des Red House Painters (le son et les arrangements ont un peu mal vieilli mais bon…), The Night Before du grand Lee Hazlewood (ou comment être dégoûté à tout jamais de faire des soirées chez soi), Marbles des Tindersticks, Guilty by Association par Vic Chestnutt (il fallait n’en choisir qu’une), Camille (thème du Mépris), Terry Callier se réappropriant le thème amoureux de Spartacus, Craig Armstrong reprenant Let’s go out Tonight (avec Paul Buchanan soi-même), le Canary de Liz Phair (elle n’a jamais fait mieux depuis), Nina Simone et son Lilac Wine « sweet and heady » et pour finir, From the Morning par un Nick Drake qui s’en va sur la pointe des pieds. Le tout est titré Music to listen to at Night.
Avec le recul, je me dis que c’était pas mal.

Dans la nuit, je fais un rêve très bizarre : D’abord, quelqu’un joue du piano au loin puis Elizabeth Lévy n’arrête pas de s’énerver contre Bernard-Henry Lévy. Je peux les entendre distinctement échanger leurs désaccords sur les manifs qui ont eu lieu entre les deux tours de l’élection présidentielle mais il m’est impossible de les voir ; ils sont quelque part derrière un mur en bois. Je ne suis d’accord avec aucun des deux mais j’ai beau élever la voix, ils ne semblent pas m’entendre. Par moments, Alain Finkielkrault essaie de jouer l’arbitre mais on sent bien qu’il penche d’un côté. Le problème est que lui non plus ne m’entend pas. Je finis par me réveiller et me rend compte que je me suis endormi avec France Culture. Le temps est gris et il faut que je termine le ménage commencé la veille. Sur les murs, des traces de meubles qui appartenaient aux précédents locataires. Je n’arrive toujours pas à deviner pourquoi ils ont fait installer six prises téléphoniques dans un deux pièces.

Dans l’après midi, Arthur et Jeanne passent avec leurs parents pour me confier Arthur et Ketchup, leurs deux poissons rouges. Arthur (le petit garçon, pas le poisson) s’approche de la guitare sèche et gratte quelques cordes en faisant attention de ne pas la faire tomber. J’essaie de lui montrer comment ça marche en pensant qu’on pourrait peut-être faire un duo intéressant (lui jouant le rythme côté droit, moi faisant les accords côté gauche) mais ça ne l’intéresse plus. Avec sa sœur, ils commencent à chahuter un peu puisqu’ils s’ennuient : J’ai beau avoir mis le DVD de Shrek sur mon PC, ils le connaissent déjà par cœur.

Je décide alors de jouer mon va-tout. Sur le synthé Yamaha, ils s’éclatent et font des choses intéressantes. Par hasard, Jeanne qui fête bientôt ses deux ans, appuie sur la touche orange. Le synthé, bonne pâte qui en a vu d’autres, se met à jouer son air de démonstration : le générique de La Croisière s’amuse revu et corrigé par Charlie Oleg sous acides déclenche un bon fou rire surtout lorsqu’Arthur découvre qu’on peut faire stopper et repartir ce chef d’œuvre à volonté. Puis, ils se remettent à jouer de l’électro alors je sors discrètement mon MD.
|| Rom # 10:33

05 juillet 2002


Dans Nuit apache (Série noire n°2241), Patrick Mosconi fait dire à son personnage : « Dans l’air du temps, affadi, le souffle tonitruant de mes récentes fureurs s’épuise en de vaines révoltes ». Puis, plus loin : « L’étreinte du passé n’est plus mortelle, mais je n’oublie rien. Au ventre, encore de la haine. Une haine indéfectible. La Loire, indifférence, coule rien que pour nous. L’eau doit être bien froide, mon amour. ».

En remplaçant « Loire » par « Seine », j’aurais pu peut être faire un carton hier soir avec la fille-prof-d’histoire-géo (voir plus bas). Puis, la dernière partie raisonnable qui reste en moi me chuchote : « Laisse tomber, de toute façon elle t’a bien dit, certes avec un peu de regret, qu’elle partait en vacances dimanche ». Bréat, puis le Sud (Cassis, comme la baie dont on fait les confitures) où le temps dure longtemps et la vie sûrement, plus d’un million d’années.

La fille-prof-d’histoire-géo est arrivée un peu tard au concert qui se jouait dans la cave (même endroit que plus bas) mais elle m’a tapé sur l’épaule. Ca prouve qu’elle m’a reconnu de dos, c’est déjà pas mal.

|| Rom # 10:24

04 juillet 2002

Après avoir lu Pierre Foglia (sa chronique à propos du 4 juillet, pas sa réponse à mon e-mail hélas), je m'offre un petit tour de voiture. Après le lancement de Jamais content, quelques réactions :
- classiques : "pourquoi ?"
- positives : "très bien ton site intime"
- (in) attendues : "tu parleras de moi dans ton prochain texte ?"

Je me suis aperçu qu'il y a un nombre affolant de personnes qui font leur blog dans leur coin. En France, il y a même une espèce de palmarès sur les blogs (genre "les blogs d'or"). Ce truc là va être bientôt récupéré (si ce n'est déjà fait). Maintenant qu'il a un peu de temps (et d'argent) devant et autour de lui, nul doute que l'ex-PDG de l'ex-CGE va s'atteler au sien.

Ca pourrait donner ceci :

[7/3/2002 11:25:27 PM / J2M]

Enfin seul. Les syndicats ont tous râlé parce que je demande des indemnités. Et Politis qui fait sa couv' sur mézigue, ils m'emmerdent ces gauchistes ! J'aurais dû les racheter au lieu d'investir dans la télé privée, la rebellion, il n'y a que ça qui paie. M'en fous, hier, avec tous les journaleux qui étaient présents devant la boîte, je leur ai encore fait le coup des pleurs. Et ça restera sûrement plus que cet enfoiré de Fourtou. Fouille merde, ouais.
|| Rom # 17:59

L’autre soir, Wilfried* fêtait ses trente ans dans un bar. Il m’a demandé si je voulais passer des disques en attendant que les gens descendent dans la cave. Je me suis lancé et de temps en temps, il y avait au moins cinq personnes présentes à m’écouter enchaîner les Fun Lovin’ Criminals reprenant I’m not in Love avec Eleonor Rigby. De temps en temps, il venait voir si tout se passait bien, si je voulais à boire… En fait, je pense qu’il était désolé qu’il n’y ait personne qui danse sur les Sonics, les Stooges, tout ça. Je lui ai dit que ce n’était pas grave, que c’était mon premier mix en public et que ça me faisait plaisir. Plus tard, j’ai retrouvé une fille que j’avais rencontrée il y a cinq ans. Elle a apprécié mon mix, tout en déplorant que « ce n’était pas très dansant ». Les Buzzcocks et Hand in Glove, pas dansant ? Merde alors. Enfin, on a parlé d’autres trucs. Elle est prof d’histoire-géo et comme elle fait assez ado, je me suis demandé en rentrant chez moi si ses élèves l’appellent Madame.



Le jour d’avant, je me suis jeté à l’eau et ai envoyé un email à Pierre Foglia qui tient une chronique régulière pour La Presse (Québec). Dans son dernier papier achtémélisé, il parlait entre autres de la connivence qui régnait dans le quotidien d’en face - ça s’appelle Le Devoir et ça n’a pas l’air d’être de gauche. D’après Foglia, un critique dudit Devoir a fait l’éloge du dernier livre de Denise Bombardier, elle-même employée par ce même journal. Quand j’ai lu ce nom, je n’ai pas résisté : je lui expliqué qu’ici, dans la France d’en bas (TM), on avait déjà Raymond Barre et Claude Allègre et que par conséquent, il fallait trouver un moyen par l’intermédiaire de l’ALENA, voire de l’OMC, d’interdire toute sortie de territoire de Bombardier afin qu’elle ne vienne pas nous les briser menues avec ses sempiternelles « vous les Français, vous êtes trop ceci et pas assez cela… ». Je n’ai pas encore reçu de réponse de Foglia mais j’imagine qu’il n’a pas que ça à faire.



Hier soir, j’ai enfin écouté le MD que m’avais envoyé David Scrima. Dessus, il y a l’album d’un certain Richard Hawley, Late Nite Final. C’est assez beau puisqu’on a l’impression d’entendre le fils qu’auraient eu Bruce Springsteen et Leonard Cohen accompagné par Lambchop. Ca rappelle aussi les Suédois d’Anywhen mais avec la retenue qui s’impose pour un disque de fin de journée (l’album d’Anywhen serait plutôt adapté pour une soirée de déprime). Tout cela me fait penser qu’il faut que je rende la pareille à M. Scrima car je lui ai promis depuis quelque temps déjà une copie du dernier album de Ben Folds Five ainsi qu’une compil’ des Red House Painters, sans parler de l’album de Dion produit en 75 par Spector et des Lost Sessions de Lamont Dozier. Il faut que je m’y mettes.



Je crois que le seul moment un peu triste de cette soirée d’anniversaire fut lorsque Wilfried* m’a dit qu’il allait s’arrêter de fumer. C’est bizarre non de prendre des résolutions à des dates butoirs ? Des trucs un peu bizarres comme « ce texte s’arrêtera lorsque j’aurai atteint les 3083 signes espaces compris ».
|| Rom # 11:10

03 juillet 2002

Ça commence comme du Pierre Richard. Dans Les Malheurs d’Alfred, son personnage de slapstick dépressif raconte à sa nouvelle amie (suicidaire elle aussi), son échec d’un soir avec une dénommée Marie. Là, on (re) voit la scène : il a tout préparé, tout calculé avec minutie : elle va s’asseoir là, lui il sera là, il se penche, il l’embrasse et avec sa jambe droite, il actionne le pick-up pour mettre tout ça en musique. Et bien évidemment, ça rate. Est-ce que je me suis senti un peu Pierre Richard ce fameux soir d’été où mon mix à peine commencé, on m’a prié d’aller jouer ailleurs ? Comme Alfred Dumonthyer (le personnage joué par Pierre Richard), j’avais tout prévu, tout calculé. En fait, tout part d’une autre soirée où je me suis improvisé DJ avec succès.

Les deux DJ autoproclamés qui s’escriment depuis deux heures à enchaîner des vinyles de drum’n’bass de manière assez maladroite commencent à attirer sur eux le peu de haine de tous les garçons et les filles de mon âge (qui savent bien ce que c’est d’être heureux). Les deux malheureux quittent donc la place et je me penche vers les cartons de CD juste pour voir… Jérémie, l’un de nos hôtes, me dit alors que si je veux, je peux passer des disques. Le côté provisoire de la chose m’amuse, le peu de gens qui reste sur la piste de danse m’encourage… Allez je me lance. Je commence par quelque chose de léger, histoire de tester l’ambiance (Be Thankful for What You’ve Got de Massive Attack)…et ça marche ! Frustrés par le set catastrophique de mes prédécesseurs, les filles à la vanille et les gars au chocolat n’ont en fait qu’une envie : danser sur de la bonne musique. Alors j’enchaîne avec ce que je trouve dans les bacs… Dylan et son Like a Rolling Stone passent sans problème et chauffent les foules ; j’enchaîne serré avec Sitting on the Dock of the Bay (le temps de convaincre les derniers retardataires) puis je ré attaque avec My Generation, Jumping Jack Flash…etc. Le stock de disques potables s’épuisant rapidement, tout ça se termine avec du bruyant : Pass the Mic et Debaser (pas de Planet of Sound en vue). L’alcool aidant (je m’autorise un nouveau verre tous les deux titres), je n’ai plus vraiment de souvenirs sur la fin du mix. Il est fort probable que je suis porté en triomphe, on songe à me nommer président à vie de la terre entière, les filles se jettent sur moi, les garçons veulent des autographes et je suis raccompagné chez moi dans la Rolls Royce de Melody Nelson.

Une autre soirée, plus récente,. Cette fois, c’est presque l’été et après un après-midi passé dans un jardin extraordinaire (vous avez déjà joué au ping pong au milieu de cerisiers, bambous et autres poiriers chinois ?), on se retrouve dans un hangar - un peu froid mais quelques lumières ça et là et ça s’arrange - pour la soirée. Après le concert donné par la bande de copains, la foule va boire un coup et là, j’entre en scène. Comme précédemment, il n’y qu’une seule platine laser mais, ça va, j’suis pas une mauviette, j’vais pas me laisser intimider par un discman, y’vont l’avoir leur putain de mix !

Comme Alfred Dumonthyer donc, j’ai tout prévu, tout calculé avec minutie. Pour commencer, The Party de Henry Mancini (version vocale dans la b.o.f du film éponyme de Blake Edwards) suivi de La Piscine des Little Rabbits pour le côté trash-lounge – et là en principe, à moins de s’être trompé de soirée et de mixer face au club de bridge du quartier, ça fonctionne. Après, on chauffe un peu plus : Brimful of Asha de Cornershop relifté par Fat Boy Slim et tout le monde se déchaîne (il n’est pas exclu que quelques membres du club de bridge rappliquent) ; le Carnival des Cardigans (dont il faut shunter l’intro) pour le côté frais et dansant. Un peu de nostalgie pop avec Timeless Melody des La’s dont la fin en pointillé se superpose à merveille à l’intro en italien de Generation Sex (Neil Hannon soi-même) prolongé rythmiquement par David Watts (les Kinks en grande forme). Pour maintenir la pulsation, rien de tel ensuite que le Taxman de George Harrisson, Artificial Energy des Byrds (en version remasterisée, la stéréo est beaucoup mieux servie). De nouveau le Revolver des Beatles avec And Your Bird Can Sing puis on calme un peu le jeu avec Comment te dire adieu susurré par Françoise Hardy. Bon, là si jamais ça ne marche pas (on ne sait jamais), il existe un joker grâce à une compilation de Philippe Dumez : une reprise déjantée de Drive my Car en français par le groupe Stéréototal (« tu peux conduire ma bagnole, moi je serai ton idole. »). Les bruits de synthé louches, on les retrouve ensuite sur Editions of You de Roxy Music (avec Brian Eno aux manettes). On accélère le tempo avec les Buzzcocks (Orgasm Addict), les Smiths (Girl Afraid ou Sweet Tender Hooligan), de nouveau les Buzzcocks (What do I Get ? ), les Housemartins (j’ai une préférence pour I Smell Winter mais dans le doute, on peut choisir Happy Hour). Avec tout ça déjà calé, on peut improviser pas mal. J’ai pensé à Like a Daydream de Ride (grande chanson), Money for Nothing repris par Royal Trux, l’immense Favor d’Arcwelder… Et de grands morceaux de rock qui peuvent se danser à deux comme Instant Street des défunts Deus ou Upside Down de Yo La Tengo… Pour terminer et aller vers quelque chose de plus house ou electro, Soon de My Bloody Valentine, Flame des oubliés de Crustation puis The Audience de Matthew Herbert. Là, en principe, avec une telle sélection, on est élu empereur à vie, les demandes en mariage affluent, on a le droit à des tours de manège gratos et même à du rab de frites à la cantine. Sauf que…

D’abord, je ne trouve pas le Mancini, alors dans l’affolement, je commence directement par les Little Rabbits : pas de réaction vu qu’ils sont tous en train de se jeter sur les rares bouteilles de champagne encore intactes. Le Cornershop alors, ça va bien en faire bouger quelques uns ou alors ils sont bouchés à l’émeri ? C’est sans compter cette fille plus qu’éméchée que je viens tout juste de remarquer : depuis une bonne dizaine de minutes, elle s’imagine que la batterie est à la portée de tous et elle tient à le prouver – fortement, trop fortement. Et comme toujours, ce sont les autres qui font des conneries mais c’est moi qui trinque. Un type vient gentiment me taper sur l’épaule avec un regard qui en dit long, du genre « allez mon petit, tu vois bien que ça n’intéresse personne ton truc, va jouer dans ta chambre… ». Bien évidemment, je fais mine de ne pas comprendre et je lui fait un décoche un sourire crétin du genre « C’est cool cette soirée, hein, on s’amuse bien, on se connaît pas mais c’est pas grave, allez give me five brother ! ». Il me rend mon sourire mais avec le regard qu’affichent les sains d’esprit pour expliquer aux débiles profonds que des hommes en blanc vont bientôt arriver dans une voiture avec une petite lumière qui clignote sur le toit mais ils ne me feront pas de mal juste une petite piqûre. Qu’est-ce que je peux faire à cet instant ? Lui montrer tous les disques qu’il me reste à passer en espérant qu’il ait bon goût ou l’envoyer valdinguer d’un coup de pied retourné sur la batterie qui se trouve à deux mètres (et où l’apprentie Ringo Starr officie toujours) ? Quelle que soit l’option choisie, il est fort probable que je me retrouve rapidement en butte à l’hostilité d’une bonne cinquantaine d’individus alors que ce n’est pas le but initial de ma présence ici. Je choisis une autre stratégie ; je vais lui laisser ma place, il va se planter et va réclamer mon retour en rampant sans tarder. Il part avec Loveshack des B52’s (je suis sûr qu’il dit « les bé cinquante deux ») pendant que je pars à la recherche d’une bouteille d’alcool histoire de ne pas être venu pour rien. Comme par hasard, la batterie n’est plus pilonnée par personne et quelques pékins commencent à danser. OK, il a pour lui la chance des novices mais avec quoi il va enchaîner, ce blaireau ? A-t-il déjà au moins mixé avec une seule platine ? Je suis sûr que non et je l’attends au tournant. Après une deuxième bière, je vois qu’ils sont de plus en plus nombreux à guincher et ce n’est pas lié à mon taux d’alcoolémie scandaleusement bas à cette heure avancée. Le traître, il vient de mettre un album de Daft Punk dans le lecteur. Pas terrible au niveau de l’invention mais très efficace au niveau du taux de remplissage des têtes de gondole, euh de la piste de danse. Il ne me reste plus qu’à ouvrir une troisième bière, puis une quatrième… mais aller danser, ça, jamais.
|| Rom # 17:37